Le livre vingt-septième des Mémoires d'outre-tombe est tout entier consacré à l'ambassade de Londres, en 1822. C'est l'occasion de quelques-unes de ces vantardises immédiatement et mal camouflées sous un nappage de modestie, qui signalent Chateaubriand à ses lecteurs fidèles et attendris. C'est aussi celle de se laisser aller à un humour qui court au long de tous ces mémoires et qu'on signale, je crois, plus rarement. Petit exemple, au chapitre premier :
“ À ces affaires générales étaient mêlées, comme dans toutes les ambassades, des transactions particulières. J'eus à m'occuper des requêtes de M. le duc de Fitz-James, du procès du navire l'Eliza-Ann, des déprédations des pêcheurs de Jersey sur les bancs d'huîtres de Granville, etc., etc. Je regrettais d'être obligé de consacrer une petite case de ma cervelle aux dossiers des réclamants. Quand on fouille dans sa mémoire, il est dur de rencontrer MM. Usquin, Coppinger, Deliège et Piffre. Mais, dans quelques années, serons-nous plus connus que ces messieurs ? Un certain M. Bonnet étant mort en Amérique, tous les Bonnet de France m'écrivirent pour réclamer sa succession ; ces bourreaux m'écrivent encore ! Il serait temps toutefois de me laisser tranquille. J'ai beau leur répondre que le petit accident de la chute du trône étant survenu, je ne m'occupe plus de ce monde : ils tiennent bon et veulent hériter coûte que coûte. »
C'est tout de même curieux cette propension des Bonnet de toute époque à toujours récriminer hors de propos et de saison – et en tendant la sébile.
“ À ces affaires générales étaient mêlées, comme dans toutes les ambassades, des transactions particulières. J'eus à m'occuper des requêtes de M. le duc de Fitz-James, du procès du navire l'Eliza-Ann, des déprédations des pêcheurs de Jersey sur les bancs d'huîtres de Granville, etc., etc. Je regrettais d'être obligé de consacrer une petite case de ma cervelle aux dossiers des réclamants. Quand on fouille dans sa mémoire, il est dur de rencontrer MM. Usquin, Coppinger, Deliège et Piffre. Mais, dans quelques années, serons-nous plus connus que ces messieurs ? Un certain M. Bonnet étant mort en Amérique, tous les Bonnet de France m'écrivirent pour réclamer sa succession ; ces bourreaux m'écrivent encore ! Il serait temps toutefois de me laisser tranquille. J'ai beau leur répondre que le petit accident de la chute du trône étant survenu, je ne m'occupe plus de ce monde : ils tiennent bon et veulent hériter coûte que coûte. »
C'est tout de même curieux cette propension des Bonnet de toute époque à toujours récriminer hors de propos et de saison – et en tendant la sébile.
Il avait un Bonnet dans le nez, ou quoi, votre Chateaubriand ?
RépondreSupprimerComme quoi, on peut se faire des idées sur les gens.
RépondreSupprimerChateaubriand, dans l'esprit du
vulgum pecus, rime avec chiant.
Pourtant, sans être manifestement un gros déconneur-encore que-
c'était surement un charmant compagnon. Et puis, surtout, il
écrivait le français bien mieux que
dans les media. Y a pas photo!
Ce n'est sûrement pas l'endroit pour parler de cela mais comme les récriminateurs ne se bousculent pas je voudrais dire que je crois que j'ai trouvé dans le Figaro du 26 mai une phrase digne des modernoeuds.
RépondreSupprimerParlant des indignados qui ont accepté d'effacer leurs graffitis sur les devantures des magasins, mais ont refusé de le faire sur les vitrines des grandes chaînes commerciales, le journaliste écrit :
"Il ne sera pas dit que les révolutionnaires ont astiqué le grand capital !"
Nouratin : mais le pecus en question se passe très bien de Chateaubriand et il a raison ! L'aberration est celle de nos petits maîtres qui veulent à toute force le lui faire entrer dans le crâne, au nom d'une égalité fantasmée, alors qu'ils ne sont même plus capable de lui apprendre à lire et écrire correctement.
RépondreSupprimerMildred : excellente ! Je vous la pique, en effet, pour mes Modernœuds…