On se dit alors que le cinéma a bien quelque chose de diabolique. Ou, au moins, a partie étroitement liée avec le blasphème. Car chacun sent confusément qu'il ne devrait pas être possible – et durant la majeure partie de l'histoire humaine il ne l'a pas été en effet –, il devrait même être hautement interdit de voir les morts marcher, sourire, parler, descendre dans le métro, acheter un journal, s'asseoir à la terrasse du Café de la Paix, etc.
Et le spectateur a l'impression pénible d'avoir été soudainement investi d'une puissance démoniaque lui permettant de contraindre toutes ces âmes à réintégrer de force leurs corps depuis longtemps dissouts, dans une parodie de résurrection. Résurrection en noir et blanc, collective et peut-être très douloureuse.
(C'est peut-être la raison du succès du film "La Nuit des Morts-Vivants", de Romero, qui s'attaque à votre question ?)
RépondreSupprimerLa mort garde quelque chose de scandaleux et d'incompréhensible.
"Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face "
Wajdi Mouawad
Je parlais moins de mort que de résurrection artificielle, je crois…
SupprimerCorrection :
RépondreSupprimer"Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder fixement "
La Rochefoucauld ( c'est plus ancien...)
Le passé n'existe pas, c'est un présent perpétuel. J'ai revu récemment "Les Tontons flingueurs", je vous assure que Lino Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche, Claude Rich, Robert Dalban, Jean Lefebvre et même l'horripilante Sabine Sinjen sont bien vivants !
RépondreSupprimerEh bien, moi, je les trouve considérablement morts au contraire ! En tout cas, incroyablement lointains.
SupprimerSi Monet avait peint des tableaux animés, peut-être…
RépondreSupprimerNon.
RépondreSupprimerQuestion désarroi ça n'a pas l'air de s'arranger ! Mais pourquoi parler de "puissance démoniaque" ou de "parodie de résurrection", alors que le cinéma permet tout au plus - et c'est déjà beaucoup - de garder l'image animée des humains qui vivaient à une une époque révolue ?
RépondreSupprimerVous vous rendez compte, si on avait eu des reporters de cinéma filmant les australopithèques, les discussions entre César et Cléopatre ( version sous-titrée),ou, tout simplement, la foule se promenant à Babylone un beau jour de printemps ?
SupprimerTechniquement seulement. Mais en réalité non.
RépondreSupprimerVous faites bien de parler de ça. Je me suis fait la même remarque en somnolant sur Verdun colorisé. Le sujet étant bateaux,des dirigeants qui merde, je me suis intéressé à toute cette jeunesse qui n'en pouvait plus de sourire devant l'objectif. Tous ces gens oduijour canés. C'est une chaîne très intéressante pour moi. Avec des sujets diversifiés. Mais la je me suis dit tu vire parano. C'est l'âge . Bon je cherchais dans ce flot de moustachus guidon de bicyclettes mon barbu d'insoumis nettoyeur de tranchées. Mais il était sûrement comme moi à fuir, les sauteuries.
RépondreSupprimerIl n'empêche j'ai eu la même réflexion.
Ils sont tous partis. Le petit gros jovial, le vilain réactionnaire. L'affreux anarchiste.
Hop tous décorés croix de bois.
Du coup je me suis senti un peu VOYEUR dans le sens dérangeant.
J'ai zappé sur Netflix ou tout est faux.
J'ai reconnu Nicolas Jégou sur la photo.
RépondreSupprimerNon. Je ne bois jamais en terrasse quand il y a du monde et il n'y a aucun gros frisé sur la photo. Je vais vous faire un procès en diffamation. Sauf si vous m'offrez une bière.
SupprimerOn ira boire une bière après l'audience si vous voulez.
SupprimerLa caméra fait vivre l’âme des quidams qui n’ont pas la chance d’avoir celle des poètes.
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=6cDnV5c7Y3s
Hélène
C'est n'importe quoi : un gamin de cinq ou six ans à l'époque pourrait très bien être vivant aujourd'hui.
RépondreSupprimer6 ans en 1920, ça lui ferait 107 ans aujourd'hui... Il ne doit pas l y en avoir des masses, même en EHPAD.
SupprimerQuant à moi, j'aime bien cette illusion qui nous fait croire vivants ces morts qui ont l'air bien sympathiques sur cette video.
RépondreSupprimerOh, vous savez, moi, ce que j'en disais…
RépondreSupprimer(Réponse collective.)
En réalité n’essayez vous pas, par métaphore, de désigner le sombre avenir que nous réservent le transhumanisme, l’homme augmenté et toutes ces « joyeusetés » qui s’échapperaient de leur boîte de pandore ?
SupprimerHélène
Je ne pratique jamais la métaphore par temps de couvre-feu…
SupprimerQui vous dit que nous ne sommes pas nous mêmes dans le film d'un démiurge qui nous fait croire à un libre arbitre alors que tout est déjà écrit ?
RépondreSupprimerPas impossible…
SupprimerPourquoi vous n'avez pas mis la vidéo ?
RépondreSupprimerCeci dit c'est un peu pareil avec les photos, on se reconnait mais celle qu'on voit n'existe plus...
Bibi
« Ce qui vous dites là, Monsieur Goux, me semble très vrai. Bien qu'il ne soit d'ailleurs nullement besoin en l'occurrence de surenchérir sur vos propos, hormis, bien entendu, pour le plaisir toujours appréciable d'enfoncer des portes ouvertes, j'ajouterai quant à moi que ce sentiment d'étrangeté teinté d'effroi que vous évoquez atteint son paroxysme à la vision de films muets d'avant le guerre de 14. En effet, que reste-t-il en nous de ces individus que l'on voit s'agiter de façon bizarre sur l'écran, de ces acteurs qui ne sont jamais que les contemporains de nos grands-parents ou arrière-grands-parents, mais dont le jeu paraît désormais tellement outré qu'ils nous semblent venir d'un autre monde ? C'est, du reste, un peu ça, puisqu'ils sont tous morts.
RépondreSupprimerComment vivaient-ils ? Pensaient-ils d'une manière si différente de la nôtre ? Pressentaient-ils le cataclysme qui allait s'abattre sur l'Europe ? Il nous faut en fait souvent nous débarrasser d'une impression totalement irrationnelle que nous donne malgré nous le cinéma de cette époque, à savoir que les gens d'alors vivaient en noir et blanc et marchaient en sautillant sur un rythme accéléré.
Cela étant dit, pour en revenir aux Choses de la vie, j'ai toujours regretté pour ma part que Boby Lapointe n'y ait pas poussé la chansonnette. Bobo Léon ou Monsieur l'agent, juste après l'accident, ça aurait pu être du meilleur effet, ne pensez-vous pas ?
Ah, non, vous ne le pensez pas.
Soit. »
Commentaire du 10 janvier 2009, à 2h05, à propos d'un ancien billet (pas pu mettre le lien, M. Blogger me refoulant, sinon, mon nouveau commentaire... ah, c'est pus c'que c'était !)
Monsieur Chieuvrou ! Eh bien, si je m'attendais à une telle "revenance" !
SupprimerSoyez donc le re-bienvenu…
Sinon, c'est la date du billet lui-même dont j'aurais besoin pour établir le lien que vous souhaitiez.
SupprimerEh bien, voilà une preuve de plus, s'il en était besoin, du plaisir que peut procurer un "revenant" !
SupprimerNouvelle tentative : c'est ici.
SupprimerIl n'était pas mal, ce billet ! J'ai presque eu du talent, à une époque…
SupprimerSi ça peut vous rassurer, ça me fait la même chose à chaque fois que je regarde un "vieux film".
RépondreSupprimerC'est très logique. Ce qui est curieux c'est que, au contraire de vous, je ne suis absolument pas sensible au phénomène dès lors qu'il s'agit d'un film "de fiction". Pourtant, c'est bel et bien la même chose.
SupprimerVraiment étrange…
Mais non,logique: dans un film de fiction,les acteurs espèrent bien continuer à être vus après leur mort.
SupprimerDoublement démoniaque puisque cela ressuscite un temps sans diversité.
RépondreSupprimerVous avez raison : ça fait très "France moisie".
SupprimerUn film est plus vrai que nature, et la littérature est la seule vraie réalité.
RépondreSupprimerQui peut dire ce qu'est l'instant qui passe ? Un mystère insondable. Cette phrase que je viens d'écrire appartient déjà au passé, et si je ne l'avais pas écrite, elle n'aurait jamais existé.
Rassurez-vous : elle n'a jamais existé.
SupprimerVous essayez d'être méchant ou ironique ?
SupprimerUn seul billet en une semaine, pour rédiger le journal d'un mois de février qui n'est même pas bissextile! On n'en a pas pour ses cookies !
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