Mais qu'as-tu donc dit, Graham, qu'as-tu donc dit ? |
Il y a parfois des frustrations qui vous tombent dessus sans s'être annoncées. Je me trouvais tout à l'heure à Pacy, dans la voiture – moteur coupé pour sauver la planète –, attendant Catherine qui naviguait entre église et pharmacie – médecine du corps, médecine de l'âme. J'empoigne le second volume de L'Esprit des lettres de Jacques Laurent, que j'ai assigné à résidence sur la banquette arrière afin qu'il m'aide à combler ce genre de menus temps d'attente. J'en étais arrivé à l'article qu'il écrivit juste après la mort de Colette, en 1954 donc ; et je tombe sur ce paragraphe, qui se trouve être le deuxième (c'est moi qui souligne) :
« Mon intérêt, dans les lignes qui suivent, se limitera aux funérailles de Colette. Il n'est pas question du refus, pour une fois digne, de l'archevêché, ni de la sotte intervention de Graham Greene. C'est bien le caractère national des funérailles qui me retient. »
Monsieur
Laurent, je vous le dis rondement et sans fioriture : vous m'emmerdez
considérablement ! C'est que, depuis plus d'une heure que j'ai lu votre
incise malencontreuse, je ne pense plus qu'à cela : quelle fut-elle
donc, cette “sotte intervention de Graham Greene” que vous passâtes si cavalièrement sous silence, la pensant, je suppose, connue de tous ? Pas moyen, au moins
dans l'immédiat, d'éclaircir la chose ! Et, la découvrirait-on, cette intervention, est-il
bien sûr que nous la jugerions aussi sotte que M. Laurent nous le dit ?
Allez savoir ! Peut-être y trouverait-on matière à discussion – voire à débat, comme on dit si imbécilement de nos jours.
Un rien vous émeut !
RépondreSupprimerVous trouverez la réponse ici mais je n'y comprends pas grand chose (je suis spécialisé dans l'utilisation de Google pas dans les conneries des protestants ou anglicans et autres catholiques dont au sujet duquel l'archevêque de Paris avait interdit des machins religieux aux obsèques de Colette ce qui avait mis Green en colère. Mais c'est à la dixième page de ce bordel. Je peux vous envoyer une copie d'écran par mail...
RépondreSupprimerU NE LETTR E D U CARDINA L FELTI N
RépondreSupprimerRécemment, M . Graham Green crut devoir adresser une
lettre ouverte à Mgr Feltin pour regretter que l'Archevêché
n'ait pas accordé des obsèques religieuses à Colette. S. Em. le
Cardinal Feltin a répondu à M . Graham Green par une lettre
qu'a publié le Figaro Littéraire. Cette lettre pleine de dignité
et de précision a été justement admirée par tous les catholiques
En voici le texte :
Monsieur,
Dans le dernier numéro du Figaro Littéraire, vous m'avez
adressé une lettre ouverte : « A propos des obsèques de Colette ».
Je n'ai pas l'intention d'ouvrir une polémique, mais j'a i le
devoir de vous répondre au moins par quelques brèves remarques.
Vous oubliez que l'Eglise catholique, apostolique et romaine
est une société qui, comme telle, a ses lois, et vous semblez
ignorer en particulier celle qui concerne les obsèques religieuses.
Avant d'en discuter, il eût été bon de la connaître :
I
o
Un baptisé peut avoir droit à des funérailles religieuses,
à condition que par son attitude il n'ait pas renoncé à cette
société dont il était devenu membre par son baptême. Quand
il l'a quittée volontairement et librement, l'Eglise ne veut
pas lui imposer ses rites ; la loyauté s'y oppose ;
2° Que d'autres, dans des circonstances analogues, aient
été parfois enterrés religieusement, c'est vrai ! Mais ou bien
ils avaient donné avant leur mort des signes de repentir, ou
bien l'Eglise elle-même avait pu être trompée sur leur situation réelle. Ce n'était pas le cas ;
3° Si quelques-uns ont été scandalisés par cette décision,
ce ne sont pas les « esprits avertis ». Ceux-ci l'auraient été par
des obsèques religieuses. J'en veux pour preuve les multiples
témoignages que j'a i reçus à la suite de votre article;
4° Le refus des prières publiques n'interdit aucunement
les prières privées pour un défunt. L a charité que vous invoquez vous invite même à les lui accorder, afin qu'une grâce de
pardon lui soit donnée par le Dieu miséricordieux qui seul,
vous le reconnaissez, peut « décider où commence la faute, où
s'achèvent les mérites ».
A ces quelques remarques, je me fais également un devoir
de joindre pour vous-même, Monsieur, l'expression de mes
sentiments distingués.
Je me demande si le sieur Greene, exerçant, entre autres, la profession de "écrivain illustre converti au catholicisme", dans les années d'après-guerre, n'est pas allé sonner à la porte du sus-dit archevêque, pour demander la faveur de funérailles religieuses pour sa "sulfureuse" consœur.
RépondreSupprimerQu'en pensez-vous?
Même avec Google, c'est dur ! Tout ce que j'ai trouvé, c'est : " En réponse au cardinal Feltin, qui avait refusé le rite catholique demandé par le troisième mari de Colette, Graham Greene indigné, écrivit une lettre ouverte, tissée de sarcasmes."
RépondreSupprimerLa sotte intervention de Graham Greene la voilà, mais c'est en engliche, démerdez vous pour la passer dans un traducteur honnête (je ne vais pas tout vous mâcher).
RépondreSupprimerGraham Greene's letter was fatuous and impertinent.
On avance : c'est dans Le Figaro Littéraire du 14 août 1954... mais impossible de mettre la main sur cette fichue lettre ouverte au cardinal Feltin ! Je vous passe le relais, vous devriez retrouver ce numéro plus facilement que moi.
RépondreSupprimerTrouvé des extraits , c'est toujours ça ! ( traduits de l'anglais grâce à Google Translate) :
RépondreSupprimer" La semaine dernière, dans l'hebdomadaire Figaro Littéraire, le romancier britannique Graham (The End of the Affair) Greene, catholique converti, a pris à partie le cardinal archevêque de Paris Feltin pour sa décision. Green a écrit :
"C'est le droit de tous les catholiques baptisés d'être accompagnés au tombeau par un prêtre. Nous ne pouvons pas perdre ce droit - comme on peut perdre la citoyenneté d'un pays temporel - en commettant un crime ou un délit, car aucun humain ne peut juger une autre . . .
« Deux mariages civils sont-ils si impardonnables ? La vie de certains de nos saints offre des exemples encore pires. Certes, ils se sont repentis. . . ."
« Votre Éminence a donné... l'impression que l'Église poursuit les erreurs de l'autre côté du lit de mort... Est-ce pour avertir vos ouailles du danger de traiter le mariage à la légère ? danger de condamner les autres trop facilement..."
Traduction en direct
Commentaires
Un grand merci – groupé - pour votre aide précieuse ! Me voilà soulagé… jusqu'à la prochaine fois.
RépondreSupprimerD'après le lien de realist, il s'agirait du FL du 7/81954... introuvable.
RépondreSupprimerLe plus énervant, c'est qu'on trouve très facilement l'intégralité de la réponse du cardinal Feltin :
https://www.chapitre.com/PRESS//figaro-litteraire-le-n-435-du-21-08-1954,6820924.aspx
C'est bon, c'est bon, calmez-vous, respirez par le nez, profondément…
SupprimerVous voyez ? Ça va déjà mieux !
Non, ça ne va pas mieux ! Je ne supporte pas que la réalité me résiste !
SupprimerPutin que c'est con la religion...
RépondreSupprimerMa maman chérie adorait Colette et ses chats. Je dois avoir des photos de l'enterrement. Faut que je creuse.
RépondreSupprimerEt le monsieur Feltin, prélat de son état, a été un habitué de la chose.
RépondreSupprimerEn 1963, il a refusé l'enterrement religieux d'Edith Piaf pour cause de "péché public".