« Toute littérature qui ne repère pas la Culture comme son ennemi primordial trahit la littérature.
« La littérature n'est pas du côté du maternel culturesque, elle est du côté du Père : incarnation de décisions qu'on ne discute pas, qui n'ont pas à être justifiées. Pôle d'identification du phallus.
« La littérature ne se discute pas. Elle s'admire ou elle se quitte. Le débat, en revanche, c'est du maternel, c'est du culturel.
« La littérature ne parle pas, n'écoute pas, ne débat pas. Elle dit. »
La mâle déclaration que l'on vient de lire est de Philippe Muray, elle date du 6 mars 1995. Car telle est la nouvelle que j'apporte : les volumes V et VI d'Ultima Necat, le “Journal intime” du Muray en question, sont arrivés chez vos libraires, et même chez les libraires des autres. (S'ils n'y sont point encore, ce ne saurait être qu'une question de jours, peut-être même d'heures : vous pouvez toujours réserver vos exemplaires.)
C'est une bonne et une mauvaise nouvelle tout ensemble. Bonne parce que deux volumes valent mieux qu'un, surtout lorsqu'il s'agit de cet écrivain-là ; mauvaise parce que ce seront les derniers.
Après 1997, sur quoi se ferme le volume VI, Muray a plus ou moins cessé de tenir son journal. Je badigeonne mon “plus ou moins” d'italique pour réveiller le fond de la classe et attirer l'attention sur ce fait que, si Muray a considéré lui-même l'expérience comme terminée, il a tout de même continué à noircir des pages, ou un écran, mais uniquement sous forme de notes brèves et éparses.
C'est en tout cas ce que, dans sa postface, explique Anne Sefrioui – la “Nanouk” que l'on ne cesse de rencontrer dans le journal –, maître d'œuvre (bon sang ! j'ai failli écrire “maîtresse d'œuvre” : la modernité virale s'attrape plus facilement que le covid…) des six tomes d'Ultima Necat.
Six volumes, six armes de destruction massive braquées sur la connerie satisfaite de l'after-monde, six livres qui, une fois lus, ne demanderont qu'à être relus : on s'y emploiera.
Il ne serait pas un peu réac, ce gars-la ?
RépondreSupprimerOh ! Si peu...
SupprimerEn tout cas, s'il avait vécu assez, je suis sûr qu'il aurait adoré nos p'tites MeTouffes.
DG
Des MeTouffes comme des sortes de muses ... c'est effectivement dans la veine de Murray.
SupprimerLe fantôme de Muray va venir chaque nuit vous tordre méchamment le gros orteil, pour ce R superflu dont vous avez affublé son nom !
Supprimeraïe
Supprimersix livres qui, une fois lus, ne demanderont qu'à être relus : on s'y emploiera.
RépondreSupprimerC'est l'avantage d'une mémoire défaillante...
On ne peut être trop réac face à ces Metouffeuses dont l'amour touche à la haine ! Notre futur ne manque toujours pas d'avenir - https://www.dailymotion.com/video/x4c7guq
RépondreSupprimerIl est savoureux de voir Muray se rendre dans une émission de Finkielkraut, quand on vient de découvrir, comme moi, les tombereaux de merde (non, j'exagère un peu…) qu'il déverse sur sa tête dans son journal !
SupprimerN’est-ce pas le reflet des us et coutumes dans les métiers de l’édition, de l’université et plus largement du monde intellectuel, bref un espace où l’on s’attend à voir ce qui élève l’âme et non une âpreté dans les rapports, un goût pour la bassesse et la délation. Ses représentants germanopratins poussant la sophistication jusqu’à la mise à mort professionnelle (Richard Millet ayant été le premier à gouter à ce raffinement à la fois feutré et hystérique – Défions-nous de la première goutte de sang qui tombe, elle met le peuple en appétit). Bref, cela manque d’esprit aristocratique. A ce sujet, lisant votre journal, je suis tombé à deux reprises sur la règle concernant le bon usage de la particule. Je tombe de Charybde en Scylla, moi le roturier, à chaque fois que je pense apprivoiser la règle. Voilà que vous privez de Benoist de son bien. Pour Broglie j’entends mais ce cher Alain bénéficie-t’il d’une exception qui a échappé à mon incertaine maitrise des bonnes pratiques ?
SupprimerIl y a la règle, il y a l'usage (qui veut par exemple que l'on parle de "Sade" et non de "de Sade" comme on le devrait en principe et comme le font les Goncourt dans leur journal)… et puis il y a l'oubli de la règle, qui semble être devenu à peu près général de nos jours.
SupprimerConséquemment, si l'on persiste à la respecter, cette règle, on s'expose à n'être plus compris. Si je dis : « Tiens ! Benoist vient de sortir un nouveau livre ! », à peu près personne ne comprendra que je parle d'Alain de Benoist…