C'est le dernier sillon ; la charrue, derrière, pèse de plus en plus, comme si elle s'enfonçait dans le sol glèbeux à y disparaître. Là-bas, tout au bout du champ, le cheval étant placé comme il l'est, on peut distinguer l'ensemble des bâtiments de la ferme, et surtout l'écurie – à la fois si proche et terriblement lointaine. À chaque pas qu'il fait, à chaque mètre de terre écorchée vive, le cheval a l'impression désolante que le bâtiment s'éloigne d'autant ; qu'il ne l'atteindra jamais. Alors qu'il y tend de tous ses muscles polis, que sa sommaire intelligence de cheval se ramasse autour de cette seule idée : là-bas est son box ; et sa mangeoire, avec le bon picotin frais dedans. Encore faut-il venir à bout de cette ultime cicatrice qui s'ouvre derrière sa croupe fumante ; et trouver ensuite assez de force pour rejoindre le havre de tôle et de ciment. Il sait qu'il y arrivera, il y arrive toujours ; mais il est nécessaire, sans doute, de passer par ce moment de doute morne, au mitan du dernier sillon, recru de lassitude et tenaillé par la faim – il y arrivera, porté par l'espérance que, ce soir au moins, son maître ne se montrera pas trop regardant sur sa ration d'avoine. Il sait aussi qu'il sera un peu déçu, comme chaque fois, de constater que sa pitance n'a pas meilleur goût que les autres soirs. Il hennira tout de même de satisfaction, une fois ou deux, pour saluer l'achèvement de l'ultime sillon – parce que les chevaux aussi peuvent parfois avoir la trip solennelle et inaugurale.
Il reste à relire lentement ce texte, en changeant :
- Sillon par chapitre
- Charrue par clavier
- Sol glèbeux par intrigue à la con
- Cheval par écrivain en bâtiment
- Écurie par salon
- Mangeoire par abreuvoir
- Picotin par bière
- Avoine par houblon
- Faim par soif
- Hennir par roter
- Maître par Irremplaçable.
Il reste à relire lentement ce texte, en changeant :
- Sillon par chapitre
- Charrue par clavier
- Sol glèbeux par intrigue à la con
- Cheval par écrivain en bâtiment
- Écurie par salon
- Mangeoire par abreuvoir
- Picotin par bière
- Avoine par houblon
- Faim par soif
- Hennir par roter
- Maître par Irremplaçable.
ça y est, le mot "fin" est en vue ?
RépondreSupprimerOn est à 15 feuillets de la borne apéro...
RépondreSupprimerLe "maître" n'est pas trop regardant tant que tu laisses la charrue dans la grange.
RépondreSupprimerComme la charrue c'est mon clavier, je ne devrais pas faire trop de dégâts avec !
RépondreSupprimerPicoler du picotin ?
RépondreSupprimerJe trouvais ça un anthropomorphique. En fait, vous écrivez pendant que vous écrivez. C'est une vie de chien !
RépondreSupprimerDe bons billets sillon est attentif.
Oui, c'est comme la vache qui rit avec sa boucles d'oreilles vache qui rit qui elle-même...
RépondreSupprimer"cette ultime cicatrice qui s'ouvre derrière sa croupe fumante"
RépondreSupprimerC'est chaud.
Même pas fait exprès !
RépondreSupprimerJ'ai un doute, par quoi remplacer croupe fumante ?
RépondreSupprimerUn commentaire qui n'a rien à voir avec ce billet, encore que...
RépondreSupprimerJe ne comprends pas vraiment la grande morosité, voire la noirceur de votre dernier propos.
Est-ce la proximité de cette date fatidique où votre compteur personnel de vie se verra augmenté d'une année supplémentaire ?
Allons, allons, vous devriez être content que toute la France vous souhaite demain votre anniversaire ?
Avez-vous déjà eu autant de monde rien que pour vous ?
Enfin presque pour vous.
Allez, la connerie du jour, puisque pas un jour sans.
" Tant que la Grande Faucheuse, au creux de mon cou n'aura pas déposé sa plaie affreuse, aucun déficit de Vie, je ne me prédis !"
Bon Anniversaire avec quelques heures d'avance.
Anniversaire que je fêterai dignement à double titre demain, suis-je bête, triple titre, puisque j'aurai une pensée pour vous, moi-aussi, ne vous pensant pas aussi misanthrope que vous vous complaisez à le montrer souvent.
Vous savez, en fait tout cela me semble très relatif.
RépondreSupprimerPar exemple, remplacez maintenant :
- Sillon par cri
- Charrue par fourchette
- Sol glèbeux par pâte obtenue
- Cheval par chef-cuisinier
- Écurie par four à pain
- Mangeoire par cave
- Picotin par Lambrusco (pas trop frais)
- Avoine par bananes flambées
- Faim par curiosité
- Hennir par roter (là on ne change pas)
- Maître par producteur
et vous obtenez une de ces étonnantes recettes télévisées sur la confection de la -désormais célébre- "pizza aux fruits de saison" ...
Reste que la question de Mère Castor est entière : Par quoi peut-on donc remplacer croupe fumante ?