Céleste Vigier marchait au milieu des autres, sous l’une des banderoles déployées dans tout le travers de la rue Myrha. Elle scandait machinalement les mêmes slogans que tout le monde, d’une même voix mécanique, qui se voulait joyeuse et déterminée :
« Des papiers pour tous ! Nicolas, pourquoi tu tousses ? »
Ou bien :
« Les Français, les Africains : nous sommes tous des êtres humains ! Ni plus ! Ni moins ! »
Ou encore :
« Ni racisme, ni douleur ! nos enfants n’ont pas d’couleur ! »
Céleste marchait avec les autres, mais seules ses jambes et ses cordes vocales participaient à la manifestation de soutien aux douze familles maliennes clandestines, barricadées en l’église Saint-Polycarpe depuis plus de deux semaines maintenant.
Lorsque le cortège s’était arrêté devant ce haut-lieu de l’innocence martyrisée, le père Garçon, curé de la paroisse, était sorti pour prononcer quelques mots, et son allocution, trémulant de générosité, avait été fort applaudie, y compris par les athées pratiquants dont Céleste Vigier faisait partie :
« Il est temps de dire la vérité au monde, l’éclatante vérité : Dieu est daltonien ! il ne voit pas vos couleurs, mais seulement le cœur qui bat dans vos poitrines ! Et même ceux d’entre vous qui se détournent de Sa Face restent ses enfants chéris ! [Là, tout de même, mouvements divers parmi les laïcards du DAP.] Dieu est Un, l’humanité est Une et le monde est sien, partout et tout le temps, sans condition ! Certes, il y eut le Peuple Élu dont parle la Bible. Mais c’était il y a longtemps ! Et qui dit “élu”, dit “élection”, n’est-il pas vrai ? Or, dans une élection, chaque voix compte, et la vôtre autant que n’importe quelle autre, mes frères ! Gageons que, depuis les lointaines époques bibliques, Dieu, dans Son Infinie Sagesse, a su découvrir les vertus rédemptrices du Suffrage Universel et qu’il parle désormais, avec Ses anges et Ses saints, de l’Humanité Élue ! Et cette humanité, aujourd’hui, celle qui tremble au sein de notre église, il lui faut des papiers ! À vous, mes frères, de les lui procurer, par la force rassemblée de votre compassion citoyenne ! »
Mais Céleste Vigier n’avait pas plus la tête aux harangues qu’aux slogans ; son esprit dérivait vers des récifs menaçants et encore indiscernables. Car, depuis quelques heures, par le hasard d’une boîte en carton découverte sur le dessus d’une armoire, elle savait être la mère d’un homme qui, au cours des cinq dernières années, avait violé et massacré trois adolescentes. Dont le salut, s’il pouvait encore être gagné, ne dépendait plus que d’elle seule.
Puis-je me permettre une remarque ? Suis-je bête !
RépondreSupprimerPuisque dieu est élu (au suffrage universel, évidemment !),sais-tu Didier si le vote blanc était comptabilisé ? Si oui, qui est à l'origine de sa suppression ?
Merci.
Lediazec, tu me concasses les burettes, avec tes questions existentielles ! J'ai deux pastagas dans la tronche et j'ai encore vingt pages à relire et à corriger avant d'aller foutre la viande dans le torchon, alors hein...
RépondreSupprimerTiens, finalement, on va décider que je te tutoie, à partir de maintenant : ça fera chier tous les autres, c'est rigolo...
J'aime :)
RépondreSupprimermoi aussi ::::))))
RépondreSupprimerC'est malin de me piquer la moitié de mes commentaires pour en faire des titres... Je dis quoi, maintenant ? Ce texte est intéressant, qui nous pousse à nous demander pourquoi certains écrivains ont recours à la fiction pour transmettre des vérités ou des leçons.
RépondreSupprimer« Malgré ses airs de conte fantastique, cette légende est vraie d'un bout à l'autre... » écrit Alphonse Daudet dans La légende de l'homme à la cervelle d'or.
A toutes les époques, les écrivains utilisent la fiction pour amener à une réflexion avec la transmission de vérités et de leçons. Pourquoi, à tous les siècles, les écrivains ont recours à la fiction pour délivrer un message, une morale. Quel en est l'intérêt pour l'auteur et le lecteur ? Quels sont les atouts de la fiction ? En quoi est-elle considérée comme efficace pour ceux qui l'utilisent ?
(ha ha ha, kèléchiante!)
(le commentrollage ci-dessus est un copiécollé de site de profs)
RépondreSupprimerC'est le fils Vigier, l'assassin ?
non seulement Dieu a des couilles, mais il est blanc aussi.
RépondreSupprimeret bien sur il a plus de 50 ans
Tranxenne : marci ben ! (J'ai cliqué sur votre nom et ai atterri sur un blog (Bouvines, etc.) qui me semble intéressant et où je reviendrai dans les jours qui viennent : c'est le vôtre ?)
RépondreSupprimerSuzanne : je n'ai même pas fait exprès ! (De vous piquer votre "façon".)
Et j'avais deviné, que c'était un truc de cuistre diplômé (pas trop fort diplômé tout de même...).
Olympe : Ben forcément ! quel crétin pourrait croire en Dieu si c'était une négresse de 19 ans, franchement ?
Quoique... faut voir... Prenez et mangez car ceci est mon corps...
Tranxenne : marci ben ! (J'ai cliqué sur votre nom et ai atterri sur un blog (Bouvines, etc.) qui me semble intéressant et où je reviendrai dans les jours qui viennent : c'est le vôtre ?)
RépondreSupprimerVoui. Je recommande (humblement) les sections Kim Jong-Il, Histoire d'en rire (qui vient de débuter), Guerre,et pourquoi pas Joie de vivre. Enfin bon , soit dit entre nous, tout le site vaut le coup d'oeil. On ne s'est pas auto-proclamé meilleur site du monde pour rien, s'pas ?
« Des papiers pour tous ! Nicolas, pourquoi tu tousses ? »
RépondreSupprimerQu'est-ce que je fous dans cette histoire, moi ?
N.B. : je signale au passant que je commente juste pour dire que je suis passé et que je m'abonne aux commentaires, dès fois que mon commentaire soit mal pris.
Lediazec,
Arrête d'emmerder Goux sinon il va s'inviter au machin des trucs que vous organisez avec Yann et où je dois jouer la star en tutu.
Olympe,
Rama Yade n'a rien a faire dans cette histoire.
Tiens je remarque maintenant à peine : ils seraient pas Belges une fois tes flics de la photo ? Allez, dis : Police/Politie, on ne la fait pas à un expatrié au Royaume des Belles Frites ! Et c'est pas une vache travestie en drapeau français qui va nous tromper, nom d'une tiche !
RépondreSupprimerBon, si tout le monde tutoie et se laisse tutoyer par Didier Goux, ça va devenir lamentable, ça va tuer le mythe du réac dans son château avec sa meute de chiens qui cassent les c... et les oreilles...
RépondreSupprimerIl est vrai que j'ai usé dans mon dernier commentaire d'un langage outrageusement familier. J'ai cependant une bonne excuse : après une demi-bouteille de whisky, j'ai tendance à devenir familier. Je présente mes excuses et tâcherai de ne point renouveler l'offense (si offense il y a eu, ce qui reste à déterminer).
RépondreSupprimerPoison social: je plussoie. Vous allez bien, vous ?
RépondreSupprimermais c'est quoi ce billet de dingue ? J'ai hurlé de rire au fond de mon hotel pourri !
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