« La peur panique d'entendre la vérité sur sa propre personne, voilà un signe des temps, dit le Visiteur. Ce n'est pas la peur d'être démasqué, mais justement la peur de la vérité. Les hommes aspirent à être trompés. L'art de se tromper soi-même a atteint de tels sommets qu'il est grand temps d'organiser des congrès, des instituts et d'édicter des manuels sur ce thème. C'est sans doute une loi générale, dit le Barbouilleur. Dans leur masse, les hommes n'ont jamais eu une idée juste d'eux-mêmes et de leur époque. Oui, mais c'était pour des raisons différentes, dit le Visiteur. Autrefois, c'était par ignorance. Et maintenant ? Maintenant, c'est parce qu'ils sont trop instruits et qu'ils peuvent comprendre ce qu'ils sont et quelle position ils occupent dans la société. Cela les humilie et les afflige. De nos jours, la peur de la vérité n'est pas une peur de l'inconnu, mais une peur de quelque chose qu'on connaît très bien. Les gens ont peur d'eux-mêmes parce qu'ils savent qui ils sont. »
Alexandre Zinoviev, Les Hauteurs béantes, L'Âge d'Homme, p. 251-252.)
Le titre et l'illustration sont de Zinoviev.
Alexandre Zinoviev, Les Hauteurs béantes, L'Âge d'Homme, p. 251-252.)
Le titre et l'illustration sont de Zinoviev.
Chut !
RépondreSupprimerMouarf, si je puis me permettre. "Maintenant, c'est parce qu'ils sont trop instruits". Oui, c'est souvent au nom d'une certaine culture que des crétins - tiens ! Georges qui vient de passer - se permettent d'envoyer chier tout le monde.
RépondreSupprimerEt hop ! Il commente : chut.
Nicolas, je crains que vous n'ayez lu ce texte un peu de traviole...
RépondreSupprimerMerci, vous répondez, en partie à ma question.
RépondreSupprimerComment puis-je répondre à une question que vous n'avez pas posée ?
RépondreSupprimerJean-Paul II, dans ses jeunes années, avait commis une pièce de théâtre où l'on peut lire ceci (de mémoire) : "L'une des choses les plus difficiles, dans l'existence, c'est de s'avouer ce que l'on sait déjà."
RépondreSupprimerD'un autre côté, s'avouer ce qu'on ne sait pas...
RépondreSupprimerC'est fou ce qu'il y a comme gens bien, ici. Subtils, intelligents, cultivés, spirituels, plein de malice, de lucidité et de bienveillance, et les oreilles grand ouvertes. Entre Suzanne qui m'apprend l'Évangile et Nicolas qui ricane sans comprendre de quoi il pourrait au juste ricaner, nous avons là une basse-cour coruscante et fière de porter ces œillères si belles qu'on vient de leur offrir pour les détourner de la colère qu'ils pourraient éprouver à découvrir tout à coup ce qu'ils sont en réalité.
RépondreSupprimerJe vous avais demandé si vous saviez comment et pourquoi les communistes russes (et les autres) de l'époque stalinienne avaient pu se faire abuser et croire en une pensée unique, c'est aussi le cas des chinois avec Mao. J'espère que Zinoviev m'éclairera.
RépondreSupprimer«Les hommes aspirent à être trompés. L'art de se tromper soi-même a atteint de tels sommets»… et puis: «Maintenant […] ils peuvent comprendre ce qu'ils sont […] Cela les humilie et les afflige.»
RépondreSupprimerC'est un peu contradictoire, non? Ce qui n'enlève rien à la pertinence du propos: la peur d'entendre la vérité domine, comme celle de se tromper de vérité, d'ailleurs.
Le Coucou : ça ne me semble nullement contradictoire. À partir du moment où les hommes savent ce qu'ils sont et que cela (Zinoviev dixit) les afflige et les humilie, ils ne peuvent qu'aspirer à être trompés sur ce qu'ils sont.
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