Comme tout travailleur de force (30 pages écrites depuis le matin) normalement constitué, j'ai déboulé hier dans la cuisine sur les coups de six heures du soir, avec aux lèvres la question rituelle : « Qu'est-ce qu'on mange ? »
- Une bombine d'Ardèche, m'a-t-il été répondu, avec cette précision inquiétante : j'en ai jamais fait, je teste... »
Une fois à table, il s'est avéré qu'il s'agissait de pommes de terre découpées, à quoi s'ajoutaient des oignons émincés et du bouillon de poulet (innovation de l'Irremplaçable pour remplacer l'eau de la recette), plus quelques olives vertes afin de faire plaisir à ces pédés d'Ardéchois qui n'en produisent même pas si ça se trouve.
« C'est pas présentable, mais c'est bon... », m'avertit la cuisinière d'un ton vaguement menaçant, après avoir goûté. Je teste aussi, du bout de la fourchette, et miracle : cette bombine (mais quel nom à la con, je vous jure...), ça ressemblerait bien aux patates à cul nu que j'ai mangées durant toute mon enfance. Mais il manquait quelque chose... J'ai alors accompli un geste oublié depuis au moins trente ans : j'ai empoigné ma fourchette à pleine main gauche, et j'ai écrasé les pommes de terre dans l'assiette. Puis, j'ai goûté à nouveau. C'était des patates à cul nu. En plein.
« Catherine, j'ai huit ans et demi... ai-je soupiré, de la voix expirante du vieux con au bord de l'orgasme gustatif.
– Ça tombe bien, tu en as également la coupe de cheveux... », m'a-t-elle rétorqué avec l'esprit d'à propos qui la caractérise parfois.
Et, en effet, une heure plus tôt, j'étais passé sous sa tondeuse (qui sera l'objet d'un billet ultérieur : essayez de m'y faire penser) et m'en étais tiré avec la tête rasibus d'un petit Didier de huit ou neuf ans – mais sans le sourire confiant face à l'existence que celui-ci a sur les diapositives.
J'étais bien content de mes patates à cul nu, et j'ai tout fini mon assiette.
- Une bombine d'Ardèche, m'a-t-il été répondu, avec cette précision inquiétante : j'en ai jamais fait, je teste... »
Une fois à table, il s'est avéré qu'il s'agissait de pommes de terre découpées, à quoi s'ajoutaient des oignons émincés et du bouillon de poulet (innovation de l'Irremplaçable pour remplacer l'eau de la recette), plus quelques olives vertes afin de faire plaisir à ces pédés d'Ardéchois qui n'en produisent même pas si ça se trouve.
« C'est pas présentable, mais c'est bon... », m'avertit la cuisinière d'un ton vaguement menaçant, après avoir goûté. Je teste aussi, du bout de la fourchette, et miracle : cette bombine (mais quel nom à la con, je vous jure...), ça ressemblerait bien aux patates à cul nu que j'ai mangées durant toute mon enfance. Mais il manquait quelque chose... J'ai alors accompli un geste oublié depuis au moins trente ans : j'ai empoigné ma fourchette à pleine main gauche, et j'ai écrasé les pommes de terre dans l'assiette. Puis, j'ai goûté à nouveau. C'était des patates à cul nu. En plein.
« Catherine, j'ai huit ans et demi... ai-je soupiré, de la voix expirante du vieux con au bord de l'orgasme gustatif.
– Ça tombe bien, tu en as également la coupe de cheveux... », m'a-t-elle rétorqué avec l'esprit d'à propos qui la caractérise parfois.
Et, en effet, une heure plus tôt, j'étais passé sous sa tondeuse (qui sera l'objet d'un billet ultérieur : essayez de m'y faire penser) et m'en étais tiré avec la tête rasibus d'un petit Didier de huit ou neuf ans – mais sans le sourire confiant face à l'existence que celui-ci a sur les diapositives.
J'étais bien content de mes patates à cul nu, et j'ai tout fini mon assiette.
Didier, vous avez trouvé votre petite madeleine à vous alors ?
RépondreSupprimer"j'ai tout fini mon assiette." C'est bien mon petit. Et ton verre ?
RépondreSupprimerFarr : en quelque sorte. Mais j'en ai pas tiré la moindre Recherche, comme on pouvait s'y attendre.
RépondreSupprimerNicolas : c'était un verre d'eau... et ça fait neuf jours que ça dure ! Vivement l'Auvergne...
Appétissante la bombine ! Mais attention, vous stigmatisez ces pauvres Ardéchois, par bonheur pas Haldophiles pour deux sous! Et pour vous soutenir le moral, l'eau, j'y ai droit dès demain...
RépondreSupprimerUn plat "pas présentable" pour un mec "pas sortable", je pense que c'est de bon ton.
RépondreSupprimerJe découvre l'existence des « patates à cul nu » et m'en trouve réjoui.
RépondreSupprimerPiqué par la curiosité, j'ai fait une recherche de "patate à cul nu dans google". On trouve la "cacasse à cul nu".
RépondreSupprimerhttp://www.marmiton.org/recettes/recette_cacasse-a-cul-nu-de-ma-grand-mere_43927.aspx
@Didier et Pluton
RépondreSupprimerCe sont vos épouses respectives qui vous mettent au régime eau plate?
Pluton : bienvenu au club des abstèmes...
RépondreSupprimerDorham : et vu le temps, il ne risque pas de le devenir, sortable.
DF : oui, c'est un bon plat de pauvre comme on les aime.
Nicolas : j'ai fait la même recherche hier soir, pour aboutir au même résultat. Mais je n'ai jamais entendu, dans ma famille ardennaise, ce mot-là. Faudrait demander à Nefisa si elle connaît.
Orage : non, dans mon cas, c'est l'obligation d'être en forme le lendemain pour pouvoir écrire mes 25 pages quotidiennes...
En Didier sommeille en fait un grand n'enfant qui ne demande qu'à s'exprimer.
RépondreSupprimerC'est vrai que coté présentation cela n'a pas l'air excitant.
J'écrasais aussi mes pommes de terre dans la sauce, quand j'étais enfant.Et c'est vrai, c'était bien meilleur ! mais on n'avait pas cette belle expression de "cul nu". Le seul autorisé à utiliser le langage vert était mon père. Et il avait une main large et forte, très dissuasive.
RépondreSupprimerNon, non, Ô Orage,
RépondreSupprimerce ne sont que des promesses d'ivrogne qu'ils se font à eux-mêmes.
Corto : c'est un plat "pour quand y a pas d'invité"...
RépondreSupprimerMifa : oh mais nous non plus on n'avait pas droit aux "gros mots" ! Mais j'ai l'impression que dans ce syntagme figé : patates-à-cul-nu, les mots étaient tellement peu dissociables les uns des autres qu'ils en perdaient toute charge grossière.
Emma : promesse d'ivrogne toi-même !
@Emma
RépondreSupprimerOuf, quel soulagement! Un peu plus et je me sentais coupable de mon manque de modération.
Didier, bien parlé !!!
RépondreSupprimer@Orage : Emma a raison, je décide du moment et de la durée, toujours rétrécie par quelque très bon prétexte...
Ah! J'allais justement dire que , vu la rareté des billets, j'esperais que le BM avançait du feu de Dieu !!
RépondreSupprimerJe connaissais la version avec viande et tomates de la bombine : une couche de patates, une couche d'oignons en rondelles, une couche de tomates entières , une couche de collier d'agneau, re , oignons, tomates patates.... ;-) ça donne des envies de cuisine d'hiver, d'ailleurs, il pleut.
On dit effectivement cacasse à cul de mon côté des Ardennes. Vu la diversité des patois, il se peut que les gens de Sedan ne disent pas cacasse.
RépondreSupprimer(et avec un bout de petit salé ou un morceau de saucisse fumée c'est méga super giga bon pour un plat de pauvre. )
Merci, ma nièce !
RépondreSupprimerN'empêche Didier, j'admire l'Irremplaçable quand elle (vous) cuisine - quel talent ! En effet, son audacieux plat de résistance a suscité cette très jolie note qui aborde multitude de sujets primordiaux, sauf la cuisine.
RépondreSupprimerOn dirait du confit de canard.
RépondreSupprimerExcusez-moi de venir vous dire ça, mais je supporte pour ma part très difficilement la vue de cette photo. Rien, en effet, que de penser à la vision d'horreur de ces deux planches disjointes à votre table, j'en ai des sueurs froides.
RépondreSupprimerIl faut reconnaître, Chieuvrou, qu'à deux heures du matin, c'est une vision d'horreur. Les petits lézards et autres reptiles vont jaillir de là et sauter dans votre assiette amoureusement remplie de bonnes patates cul-nu.
RépondreSupprimerChieuvrou et Emma : rassurez-vous, la photo a été prise sur Google. C'EST PAS MA TABLE !
RépondreSupprimerUne dernière hypothèse et je sors:
RépondreSupprimerPtet que manger "ses patates à cul nu", cela voulait dire être cul nu pour manger ses patates. Allez savoir.
Didier (et surtout Catherine, donc),
RépondreSupprimervous venez d'éclairer pour moi un fameux vers, "A, noir corset velu des mouches éclatantes/Qui bombinent autour des puanteurs cruelles", qui me bourdonne toujours en tête. C'était donc ça, une bombine puante !
(Et là, subitement, je réalise tout à fait autre chose : postant mon commentaire, je suis pris d'une soudaine angoisse, "mais non" me dis-je ! "Pas Catherine" ! Je confonds avec la compagne de mon excellent ami EM ! Mais pourtant si, Catherine aussi. Là, survient l'épiphanie : vous me faites terriblement penser à cet excellent ami, journaliste aussi, buveur impénitent, écrivain foutraque, dandy régional, pétri à la graisse d'oie et au complexe d'infériorité, de supériorité, d'égalité et de fraternité, mon aîné d'une, deux, trois décennies sans que cela ne joue le moins du monde entre nous, lecteur avide, intempestif, bref, c'est évident, mais je n'avais jamais réalisé. Considérez donc maintenant mon affection comme indéfectiblement acquise et totalement imméritée.)
RépondreSupprimerPeut-être sommes-nous des repliquants de ce couple dont vous parlez...
RépondreSupprimerTout de même, un orgasme à huit ans,
RépondreSupprimerC'est pas beau la jalousie.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
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