mercredi 23 mai 2012

Billet à foutre à la poubelle


Quand on n'a envie ni idée de nouveau billet, il y a deux solutions : soit on ferme sa gueule – mais ce serait céder à la facilité –, soit on cite les bons auteurs. Voici donc :

« J'ai fait venir un petit livre dont le sujet m'intéressait, 99 mots et expressions à foutre à la poubelle, de Jean-Loup Chiflet. Comme son titre l'indique, c'est un répertoire ou plutôt une anthologie des termes et des tournures particulièrement insupportables de la parlure contemporaine. On y retrouve quelques grands classiques modernes, bonne continuation et que du bonheur, au jour d'aujourd'hui et j'ai envie de dire, les bisous et le signal fort, impacter et quelque part, avec quelques prévenus que je n'aurais pas songé à interpeller (et pour cause…) comme spécificité ou connoter. Même la toute récente (mais fulgurante) démocratisation inattendue d'opus est enregistrée.

« On se demande toujours si les gens qui emploient ces mots et expressions scies sont sérieux ou bien s'ils plaisantent, n'ont aucune oreille ou “font du second degré” (expression qui pourrait être dans le livre). Comment en 2011 peut-on sans rire employer quelque part au sens de d'une certaine façon, objet d'universelle moquerie depuis bientôt trente ans ? Qu'on le puisse semble impossible à croire. Et pourtant nous le voyons faire tous les jours. Nauséabond est devenu une plaisanterie comme, hélas, les heures les plus sombres de notre histoire, qui servent à tout et à n'importe quoi. Pourtant un Sylvain Bourmeau est parfaitement capable d'employer nauséabond au tout à fait premier degré. Hier, dans sa tribune matinale de France Culture, il était encore question d'un écrivain nauséabond. J'ai été un peu vexé, ce n'était même pas moi…

« Mais je me suis rattrapé ce matin, Le Nouvel Observateur me juge “xénophobe”. C'est dans un entrefilet sous la rubrique “en baisse”. Je ne vois pas bien comment je puis être “en baisse” aux yeux du Nouvel Observateur. C'est un défi à la géométrie. »

(Renaud Camus, Septembre absolu – Journal 2011, jeudi 15 décembre, Fayard.)

Moi aussi il me tenterait bien, le petit livre de M. Chiflet, il doit y avoir matière à pouffer. Mais mon budget culturel étant ce qu'il est devenu, je vais sans doute trouver plus prudent de m'abstenir. À moins que je ne révise à la baisse les sommes allouées initialement à l'apéritif hebdomadaire ; boire ou pouffer, il faudra désormais choisir.

29 commentaires:

  1. J'ai choisi. (vous allez arriver en avance au boulot).

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    1. D'abord, le billet était programmé. Et ensuite, un mercredi sur quatre je suis censé arriver à Levallois à 8 h 30. (Donc, en effet, j'étais un poil en avance…)

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  2. Bonne fête Didier, je ne vous souhaite que du bonheur, quelque part. Et bonne continuation à votre blog !

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    1. Ah non, hier, on est restés sobres comme des camélidés, pour se remettre un peu de notre week-end alsacien.

      (Ce soir, en revanche, comme c'est la Saint-Didier…)

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  4. Sans vouloir vous stigmatiser, et bien loin d'une quelconque didiergouphobie discriminatoire et particulièrement nauséabonde , vous avez juste oublié le padsouci.

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  5. (C'est JUSTE pas moi, qu'on dit.)

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  7. "J'ai fait venir un petit livre..."
    J'adore. c'est d'un chic.

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  9. Robert Marchenoir23 mai 2012 à 12:25

    "99 mots et expressions à foutre à la poubelle, de Jean-Loup Chiflet"

    Voilà typiquement le genre de livre dispensable, vite lu et vite pissé, qui devrait coûter 4 euros sous forme électronique sur Kindle (et alors il s'en vendrait des centaines de milliers).

    Pas 23 euros sur papier, ce qu'il ne vaut évidemment pas.

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    1. 23 euros !?! En effet, à ce prix-là, si je l'avais connu, je n'aurais pas envisagé d'achat une seule seconde.

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    2. Pour beaucoup moins cher, vous avez le dicomoche.

      http://www.dicomoche.net/

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  10. Robert Marchenoir23 mai 2012 à 13:04

    J'ai dit 23 euros, parce que c'est un prix courant pour une nouveauté standard en grand format.

    Vérification faite, il est à 9,60 € en format poche actuellement. Ce qui est encore trop cher. Il n'y a pas de raison qu'un bouquin pareil, sous forme électronique, coûte plus qu'un magazine. C'est lu dans le même temps, et ça a à peu près autant de consistance (voire moins).

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  11. Il ne me viendrait pas un seul instant à l'esprit d'acheter une espèce de chose de ce genre c'est moi qui vous le dis !

    Je préfère faire mes fonds de tiroirs, les riches notes de grand-père revenues au faveur de l'automne quand pluie ni Dieu ne courtisent la feuille, la morte, l'indélébile encre au plaisir des tombeaux que nul n'exporte quand le pli se froisse pour marquer la page, ou bien le crayon gris soulignant comme un rail le train qui s'échappe !

    Du mot critique d'où leurs ordures surgissent au coin de la vieille cour, de cette chambre feutrée de l'hôtel Novotel, bien sombre tenue que cette architecture nouvelle d'où le béton armé est froid comme l'oreiller après la javel, j'entends 99 mots comme un 99 frs de matières sans goût et sans parfum. j'ai la salive amère, je sens monter l'envie, j'approche plus près, et de ce rien déchaîné j'entends la critique respirée à souhaits, son chant !

    << Vieil océan, tes eaux sont amères. c'est exactement le même goût de fiel que distille la critique sur les beaux arts, sur les sciences, sur tout. Si quelqu'un a du génie, on le fait passer pour un idiot ; si quelque autre est beau du corps, c'est un bossu affreux. Certes il faut que l'homme sente avec force son imperfection, dont les trois quarts d'ailleurs ne sont dus qu'à lui-même, pour la critiquer ainsi ! >>
    ( Lautréamont )

    Heureuse fête à vous Monsieur Didier Goux.

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    1. A la faveur, pardon, l'écriture automatique à ses petits soucis mécaniques, comme tout à chacun... désolée.

      Sand

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    2. Encore une faute !

      Décidément ! " a " pas à.

      Je dois être troublée, ce doit être ça, mes mains tremblent... ou la peur d'écrire, qui sait... on ne sait jamais, on écrit c'est tout.

      Sand

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  12. soyez hype, lancez une souscription par paypal

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  13. "LE SIGNAL FORT", ça, c'est du dur du nouveau gouvernement rose printemps.
    "LE SIGNAL FORT", dans la bouche de Naja Vallaud-Belkacem, hier soir chez Taddeï, devinez c'est quoi?.....
    Ensuite, discussion sur l'OTAN, avec Slobodan Despot. Lumineux Slobodan si loin des fantasmes de Renaud Camus.

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    1. J'ai vu l'émission moi aussi, et noté que Slobodan Despot était celui qui, des invités, parlait le français le plus élégant et le moins fautif.

      Quant à Camus, il dernier dans son journal 2011, Septembre absolu, qu'il a révisé son jugement sur les Serbes et il fait amende honorable.

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    2. « il dernier dans son journal ?» N'importe quoi, mon pauvre garçon !

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  14. Puis-je me permettre de faire à l’assemblée, dans laquelle j’ose m’introduire sans que personne m’y ait invité, cette modeste remarque, comme en gage de la nécessaire sympathie que le nouveau venu que je suis se doit de montrer à l’auteur de ces pages ? La curiosité m’ayant poussé à consulter sur Amazon les notices consacrées aux divers ouvrages de M. Chiflet, j’ai trouvé dans celle qui est consacrée à Oxymore mon amour : Dictionnaire inattendu de la langue française, une tournure qui semble malheureusement tout droit sortie, hélas sans ironie, de la plume de l’auteur (ou de son clavier, je ne sais) et qui aurait pourtant mérité de se trouver parmi les 99 mots et expressions à foutre à la poubelle, si du moins l’auteur avait consenti à arrondir sa liste à 100. Voici en effet ce qu’il écrit (Renaud Camus lui pardonne !) : “vous n'aurez de cesse de vous promener entre ces mots qui nous intimident et qu'il faut sans cesse apprivoiser sous la houlette (ou la férule ?) de cette vieille dame que l'on appelle grammaire... et qui a toujours ses règles” J’ai bien peur que cette pauvre vieille n’ait plus ses règles depuis belle lurette, puisqu’elle semble être déjà morte et enterrée, et il est même fort à craindre qu’elle ne se retourne dans sa tombe...

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    1. Didier,

      C'est bien moi qui suis d'astreinte ?

      Antride,

      Non. Tu ne peux pas te permettre. À cette heure me vieux est couché.

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    2. Je n'étais pas couché : je m'abrutissais devant la télévision, nuance !

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    3. On n'avait pas dit que je devais arrêter de commenter à 23 heures, notamment les soirs de "Kremlin des Blogs" ?

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    4. Nicolas, Antride peut bien comparer la grammaire à une vieille dame ménopausée, je trouve la métaphore plutôt audacieuse -indépendamment de l'intérêt naturel et spontané que j'ai pour celles que je connais et fréquente : elles sont pleines de bon sens et d'humour, ce qui les rend infiniment attachantes.

      Amicalement.
      Al.

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