jeudi 12 décembre 2013
C'est rien qu'une chanson
Les copains affligés, les copines en pleurs,
La boîte à dominos enfouie sous les fleurs,
Tout le monde équipé de sa tenue de deuil,
La farce était bien bonne et valait le coup d'œil.
Les quat' z'arts avaient fait les choses comme il faut :
L'enterrement paraissait officiel. Bravo !
Le mort ne chantait pas :«Ah c' qu'on s'emmerde ici ! »
Il prenait son trépas à cœur, cette fois-ci,
Et les bonshommes chargés de la levée du corps
Ne chantaient pas non plus « Saint Éloi bande encor ! »
Les quat' z'arts avaient fait les choses comme il faut :
Le macchabée semblait tout à fait mort. Bravo !
Ce n'étaient pas du tout des filles en tutu
Avec des fesses à claque et des chapeaux pointus,
Les commères choisies pour les cordons du poêle,
Et nul ne leur criait: « A poil ! A poil ! A poil ! »
Les quat' z'arts avaient fait les choses comme il faut :
Les pleureuses sanglotaient pour de bon. Bravo!
Le curé n'avait pas de goupillon factice,
Un de ces goupillons en forme de phallus,
Et quand il y alla de ses de profundis,
L'enfant de chœur répliqua pas morpionibus.
Les quat' z'arts avaient fait les choses comme il faut :
Le curé ne venait pas de Camaret. Bravo !
On descendit la bière et je fus bien déçu :
La blague maintenant frisait le mauvais goût.
Car le mort se laissa jeter la terre dessus,
Sans lever le couvercle en s'écriant: « Coucou ! »
Les quat' z'arts avaient fait les choses comme il faut :
Le cercueil n'était pas à double fond. Bravo !
Quand tout fut consommé, je leur ai dit : « Messieurs,
Allons faire à présent la tournée des boxons ! »
Mais ils m'ont regardé avec de pauvres yeux,
Puis ils m'ont embrassé d'une étrange façon.
Les quat' z'arts avaient fait les choses comme il faut :
Leur compassion semblait venir du cœur. Bravo !
Quand je suis ressorti de ce champ de navets,
L'ombre de l'ici-gît pas à pas me suivait,
Une petite croix de trois fois rien du tout
Faisant à elle seule de l'ombre un peu partout.
Les quat' z'arts avaient fait les choses comme il faut :
Les revenants s'en mêlaient à leur tour. Bravo !
J'ai compris ma méprise un petit peu plus tard,
Quand, allumant ma pipe avec le faire part,
Je m'aperçus que mon nom, comme celui d'un bourgeois,
Occupait sur la liste une place de choix.
Les quat' z'arts avaient fait les choses comme il faut :
J'étais le plus proche parent du défunt. Bravo !
Adieu ! les faux tibias, les crânes de carton…
Plus de marche funèbre au son des mirlitons !
Au grand bal des quat' z'arts nous n'irons plus danser,
Les vrais enterrements viennent de commencer.
Nous n'irons plus danser au grand bal des quat' z'arts,
Viens pépère, on va se ranger des corbillards.
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Y'a encore un mort ? Brassens ?
RépondreSupprimerY en a un, oui.
SupprimerJ'avais une dose de condoléances d'avance. Amitiés. N.
SupprimerJ'avais pieusement conservé votre à-valoir, en effet. Nous sommes donc à jour.
SupprimerHé, ho ! Je l'ai mise dans l'avant-dernier billet de mon blog, avant-hier; c'est même son titre:
RépondreSupprimerhttp://www.marianne.net/elie-pense/Les-vrais-enterrements-viennent-de-commencer_a284.html
Ce n'est pas difficile de se faire un joli blog, en pompant les billets des autres!
Oui, mais moi, j'ai une bonne raison.
SupprimerDésolé, j'aurais dû deviner.
SupprimerMais non, pas du tout !
SupprimerRien à vous dire, dans ces circonstances, sinon que, si votre père avait mon âge ou davantage, c'est dans l'ordre normal des choses...ce qui n'est pas une consolation, l'"ordre normal des choses" est scandaleux, la condition humaine est un scandale.
SupprimerNous sommes des animaux comme les autres - mais le seul animal qui n'arrive pas à accepter sa condition d'animal.
Triste épilogue d'une année qui n'en finit pas de cogner. Bonne nuit au Papa Goux. Une pensée pour son fils.
RépondreSupprimerLe fils a une vague casquette en plomb, mais bon.
SupprimerToutes mes condoléances.
RépondreSupprimerMerci.
SupprimerVous avez l'air d'être complètement abattu, une tès mauvaise nouvelle, décidément, triste Décembre .
RépondreSupprimerVotre photo avec votre chien m' a fait penser à Jean-Marie Proslier dont voici l'ouvrage:
http://supermomo07.skyrock.com/3091097193-VIEUX-CON-ET-SON-CHIEN-ma-derniere-lecture.html
Bonne journée quand même.
Non, pas trop abattu. Anesthésié, sans doute.
SupprimerQue son esprit vous accompagne et vous protège, vous donne l'énergie de continuer, non sans lui, mais avec lui, avec tout ce qu'il vous a donné.
SupprimerToutes mes condoléances. Je vous lis (et relis) sans trop commenter, mais je suis de tout cœur avec vous.
SupprimerSi jeune que l'on soit, le jour où l'on perd son père, on devient vieux tout à coup.
SupprimerJe sais trop votre peine. Sincères pensées.
RépondreSupprimer
RépondreSupprimerMes pensées du cœur
(votre poème est superbe)
Toutes mes condoléances.
RépondreSupprimerGeneviève
Toutes mes condoléances.
RépondreSupprimerIl y a une seule certitude, cette année horrible est bientôt finie, avec son lot de catastrophes et épreuves derrière vous.
Bon courage à vous et à Catherine, en cette épreuve.
RépondreSupprimerMerci à tous.
RépondreSupprimerJe souhaite sincèrement que le partage de votre peine puisse être partagé avec nous tous et qu'elle vous sera ainsi plus légère.
RépondreSupprimerRien d'autre à ajouter que tout ce qui a été dit par d'autres...Condoléances. L'année finit. Peu superstitieux, mais je me suis rendu compte que les années impaires me réussissaient peu, c'est peut être aussi le cas pour vous.
RépondreSupprimerToutes mes pensées, cher Didier, en ce détestable décembre.
RépondreSupprimer"Quelle merde, je suis désolé,,
RépondreSupprimerc'est ce chien à la con,
qu'il eut fallu enterrer"
Oui, je sais, moi et la poésie...
Condoléances, sincères.
Bon courage. Je crois savoir ce que vous ressentez pour avoir traversé cette épreuve il y a deux ans. Il faut se dire que c'est l'ordre normal des choses que les enfants voient mourir leurs parents, et si c'est très triste et lourd de chagrin, c'est l'inverse qui serait révoltant.
RépondreSupprimerPrenez bien soin de votre mère, elle en aura certainement besoin.
Amitiés
Ma mère s'en fut en terre hier...
RépondreSupprimerElle avait choisi Brel, J'arrive :
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Nos amitiés sont en partance
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
La mort potence nos dulcinées
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Les hommes pleurent les femmes pleuvent
J'arrive j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois traîner mes os
Jusqu'au soleil jusqu'à l'été
Jusqu'à demain jusqu'au printemps
J'arrive, j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois voir si le fleuve
Est encore fleuve voir si le port
Est encore port m'y voir encore
J'arrive j'arrive
Mais pourquoi moi pourquoi maintenant
Pourquoi déjà et où aller
J'arrive bien sûr, j'arrive
N'ai-je jamais rien fait d'autre qu'arriver
(...)
Toutes mes condoléances.
RépondreSupprimerToutes mes condoléances. Bon courage car cette année fut bien difficile pour vous deux
RépondreSupprimerToute mon amitié.
RépondreSupprimerD
Oh. Toutes mes condoléances.
RépondreSupprimerQuelqu'un est parti, qui ne vous parlera plus jamais de votre enfance...
RépondreSupprimerSympathie.
La religion catholique a ceci d'exceptionnel, c'est qu'après le décès d'un proche, la prière permet de rester en contact avec lui.
RépondreSupprimerCe n'est pas forcément évident à saisir lorsqu'on est athée, mais cette clé donnant accès à l'intemporel, est malheureusement occultée par nos dirigeants laïcards qui nous privent d'un outil fort précieux.
Ceci dit, je peux comprendre que certains préfèrent distinguer le monde des morts de celui des vivants.
Une pensée pour vous et vos proches.
RépondreSupprimerToutes mes condoléances, Didier.
RépondreSupprimerCroyez à mes prières, pour lui et pour vous.
RépondreSupprimerhttp://www.flickr.com/photos/fulyllars/11355791464/lightbox/
RépondreSupprimerMes sincères condoléances, Didier.
RépondreSupprimer(Il me semble que "la religion catholique permet" beaucoup plus que ce que vous dites, Fil.)
RépondreSupprimerEn effet Georges.
SupprimerCe serait très réducteur de ne considérer que ce côté-là.
J'ai dit ça car c'était le thème du billet.
J'approuve le fait qu'elle est bien plus que ça.
Je voulais parler de la résurrection des corps.
SupprimerMes sincères condoléances, Monsieur Goux.
RépondreSupprimerToutes mes condoléances également.
RépondreSupprimerIls sont à moitié chiants avec leurs condoléances, les gens. Ils auraient pu faire comme moi : les présenter par avance, et c'était régler. Tiens ! Je vais les présenter à Catherine par avance au cas où vous mourriez dans l'année. Ça sera fait. Par contre, j'ignore si les condoléances ont une date de fin de validité. Je ne voudrais pas gâcher.
RépondreSupprimerSmiley, les gens...
Vous avez raison : le problème des condoléances, c'est qu'il y a sans doute un mort là-dessous. Je ne crois pas que les condoléances perdent leur fraîcheur comme le saucisson, le pâté ou les rillettes. Donc, je transmets les vôtres à Catherine pour quand je serai mort.
SupprimerVoilà une chose de réglée, donc. Sujet suivant. Vous pourriez faire un billet sur les merles homosexuels, par exemple.
SupprimerJe viens de lire la bien triste nouvelle mais comme vous dites qu'il n'y a pas de DLC pour les condoléances, je vous présente les miennes qui sont bien fraîches de surcroît avec le temps que l'on se tape en Lozère !
SupprimerAvec toute ma sympathie.
Bien à vous.
RépondreSupprimerMajeur.
Le Père a lâché la barre, que le bateau vogue sans lui ... adieu Capitaine.
RépondreSupprimerVous voici monté en grade, vous n'êtes plus le Second.
Sympathie.
Condoléances.
RépondreSupprimerJe réagis bien tard, désolé, et j'ai bien du mal à enchaîner après les commentaires de votre complice blogueur blagueur. Courage . Mille pensées du bloc x de Lahr.....
RépondreSupprimerJe suis triste avec vous, Didier! Il vous faudra du temps pour surmonter ce chagrin. Je ne sais pas pour vous, n'étant pas un homme, mais j'ai plus vite surmonté la perte de mon père que celui de ma mère: dix ans déjà et je ne m'en remets pas, à part que je rêve d'elle presque toutes les nuits, ce qui me réconforte sur le moment mais me réveille en larmes aussi..
RépondreSupprimerJ'arrive bien tard moi aussi. Je prends part à votre peine et vous assure de toute mon amitié cher Didier.
RépondreSupprimerAvec un décalage dû à mon retard de lecture, je vous adresse, Didier, mes plus sincères condoléances.
RépondreSupprimerMes très sincères condoléances, Didier.
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