Depuis trois ou quatre jours, dans la pâture derrière la Case, se trouve
une vache, dépendant de la ferme située à l'autre bout de ce pré
(voir, colonne de gauche, la couverture de mon journal 2011). Depuis
seize ans que nous sommes ici, on y a vu tantôt des chevaux, mais plus aucun
depuis plusieurs années, des vaches en troupeau et des moutons,
alternativement. Une vache seule, c'est la première fois et nous en
fûmes intrigués ; d'autant plus que celle-ci passe des heures sans se
lever jamais, broutant couchée, ne se déplaçant que d'un mètre ou deux à
la fois, rarement et sans qu'on ait le temps de la voir sur ses pattes, si encore elle s'y met. Il
se dégage de cet animal pesant et immobile, comme affaissé sur lui-même, une impression de grande tristesse. Notre très vieille
voisine étant venue nous apporter de petites pommes de terre nouvelles
de son jardin, de celles dont il n'est nul besoin d'ôter la pelure avant
de les manger, Catherine lui a parlé de notre vache solitaire et
mélancolique ; et il est apparu que “mélancolique” était en dessous de
la vérité. D'après elle, la voisine, la vache vient d'être opérée d'une
patte et, depuis, refuse obstinément de se lever : quand les fermiers
veulent la rentrer à l'étable, il leur faut faire donner les
chiens pour qu'elle consente à se mettre debout. Catherine a d'abord
compris que, suite à l'intervention vétérinaire, la station debout lui
était encore pénible ; mais la vieille dame a alors ajouté : « Elle se
laisse mourir. » Devant la mine dubitative de Catherine, elle a expliqué
que c'était déjà arrivé, aux mêmes fermiers, avec une vache qui avait
dû subir une césarienne et qui, à la suite de cette opération, s'était
réellement laissée mourir, avec un complet succès. Celle-ci, d'après
elle, suit le même chemin, victime de ce qu'on hésite un peu tout de
même à nommer une dépression. Mais, après tout, pourquoi les bovins ne seraient-ils pas aptes, eux aussi, aux chagrins irréversibles ? D'autant qu'à force de ruminer…
Pareil. Après ma césarienne, je me suis laissé mourir. Mais pas de soif, hein !
RépondreSupprimerLe principal est que l'on ait pu sauver l'enfant.
SupprimerEt le vétérinaire, il dit quoi?
RépondreSupprimerQu'est-ce que j'en sais, moi !
SupprimerRentrée hier en fin de journée, pour laisser la place aux moutons, la vache dépressive est de nouveau là ce matin, toujours rigoureusement couchée et immobile.
RépondreSupprimerElle doit regarder la télé cette pauvre bête, pour être dans cet état. Il faudrait lui organiser un petit festival de techno ou d’arts de la rue pour lui remonter le moral. Ou lui envoyer un clown de vache, enfin je sais pas moi, faites quelque chose !
SupprimerUne vache qui n'aurait pas de train à regarder passer, c'est la dépression assurée.
SupprimerC'est vrai, ça: il dit quoi le vétérinaire.
RépondreSupprimerVoir plus haut.
SupprimerVous ne pouvez pas aller voir directement le propriétaire? C'est inquiétant!
SupprimerIls la rentrent au transpalettes ?
RépondreSupprimerRelisez le billet plus attentivement.
SupprimerCatherine me l'avait signalé avant vous. Mais j'ai eu la flemme de revenir dans la Case pour corriger…
RépondreSupprimerDécidément, traiter de vaches est très tendance aujourd'hui !
RépondreSupprimerEn particulier si elle se nomme Lulubelle IV, cette chose agonisante posée dans un pré.
SupprimerC'est peut-être,une statue en acrylique, vous savez l' art moderne de nos jours.
RépondreSupprimerJe sais,dehors.
Maître Goux, comme dirait l'autre, voudrait nous voir nous pencher sur les vaches de notre vie, comme hier au soir, Stéphane Bern nous a fait le décompte des amants de cette chaudasse de George Sand, qu'il ne s'y prendrait pas autrement !
RépondreSupprimerEh bien soit : j'avais trois ans quand j'ai eu ma première vache. Elle ne mesurait que quelques centimètres de hauteur et trônait sur un petit socle à roulettes en bois. Je l'emmenais partout, la tirant fièrement derrière moi avec sa ficelle ! J'ai oublié comment cette passion s'est éteinte et ce que cette vache de bois est devenue.
Ce n'est que vers l'âge de dix ans que je revis d'autres vaches. C'étaient celles de "La Laiterie modèle suisse" qui appartenait aux parents de deux de mes compagnes de pension qui nous invitaient dans leur ferme modèle aussi. Il y en avait exactement cent et d'une propreté méticuleuse.
Ensuite il a fallu que j'attende d'avoir 20 ans et d'être en vacances à Saint-Dalmas-Valdeblore où la seule distraction consistait à venir regarder les vaches revenir de l'alpage le soir, pour revoir ces magnifiques créatures dont la silhouette altière se découpait sur le ciel au moment où elles passaient le col de la Colmiane pour descendre vers nous, au rythme de leurs sonnailles.
Les vaches de mes trente ans, c'est-à-dire celles de mes voisins paysans de l'époque, étaient sales et ne m'ont apporté que des désagréments : odeurs et insectes de toutes sortes qui allaient se coller sur les vitres de ma belle maison de verre.
Mes deux dernières vaches furent celles de mes derniers voisins paysans aussi. Elles trônaient en photographie à la place d'honneur au dessus de leur buffet de salle à manger, bientôt remplacées par celle de leurs petites-filles, sur les récriminations de leur fille.
Et maintenant que je vis en ville, je ne vois plus de vaches que de très loin, puisque ces vaches-là ne s'intéressent même plus aux trains qui passent !
Pauvres Holstein...
RépondreSupprimerCornes arrachées, queue coupée, pattes bouseuses devant comme derrière, la peau sur les os...
Mais où sont les vaches d'antan: les Normandes, les Charollaises, les Montagnardes....etc... Pas dans les salles de traite.
Bonsoir Monsieur Goux
RépondreSupprimerMais que se passe-t-il en ce moment ? Tout le monde (enfin tous ceux qui "comptent" dans la blogosphère "réac") ruminent des pensées qui tournent autour des bovins :
http://vudescollines.blogspot.fr/2016/08/adieu-veaux-vaches-jurons-saletes.html
Les vaches sont-elles menacées ? Y a-t-il une conspiration anti-vaches ? Une fatwa anti-bovins a-t-elle été lancée ?
Notre rapport aux animaux (abattoirs, manipulations génétiques etc), à la vie, notre mise au ban du sacré et la déification de l'être humain ont de quoi déprimer la plus énergique des représentantes de la race bovine, alors celle qui est en burn-out, la messe est dite. ps : nous devrions tout de même nous interroger sur les compétences de ce vétérinaire.
RépondreSupprimerDe retour en ma terre natale après une assez longue absence, quelle n’est pas ma surprise et ma désolation de voir que les vaches, qui abondaient encore à l’époque, égayant les champs de leurs jolies taches rousses, blanches et noires, ont quasiment disparu ! De cette espèce grégaire, les rares spécimens restants s’ennuient à mourir , esseulées et rêvant de troupeaux. Votre vache manque peut-être de compagnie.
RépondreSupprimernormal
Supprimerpour les écolos , une vache ça va , 3 vaches bonjour les dégats
Je regrette de ne pas être (votre) son voisin : j'irais lui parler, lui faire des caresses, des câlins, des bisous. Ces bêtes mélancoliques m'ont toujours inspiré la plus grande sympathie.
RépondreSupprimerTiens, je vais me renseigner, peut-être pourrais-je en adopter une.
Mais on lui parle !
SupprimerIl faut aussi lui tenir le sabot.
SupprimerAvec un certain lyrisme, il est vrai. Il paraît aussi que la musique adoucit les moeurs, c'est ce qui est pratiqué pour le boeuf de Kobé, de même que les massages. Question rendements, ça serait très efficace. Mais là, ce n'est pas le même sujet, n'est-ce pas, puisque ça semble irreversible...
RépondreSupprimerEt donc, le vétérinaire, il dit quoi? Lancer un appel aux dons sur internet?
Si on ne fait rien, elle ira de mal en pis.
RépondreSupprimerVotre vache en photo mériterait de se faire tailler le sabot arrière droit:elle ne peut que souffrir et boiter de plus en plus
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