Je commence à en avoir un peu assez que des inconnus à diplômes commerciaux – ou que je suppose tels – décident à ma place de ce que doivent être désormais mes comportements, et s'efforcent de faire de moi un modèle de citoyen responsable, quand je ne songe à rien moins. J'avais subi une première alerte, voilà quatre ou cinq ans, lorsqu'il m'avait fallu acquérir une nouvelle tondeuse de jardin : contrairement à l'ancienne, l'heureuse élue coupe d'elle-même son moteur dès que j'en relâche la poignée, ce qui oblige à se démonter l'épaule une seconde fois pour la remettre en marche, après la petite miction de mi-tonte. Consulté, le revendeur agréé m'avait expliqué avec une certaine componction que c'était “pour éviter les accidents”. Quels accidents ? Avant cette fâcheuse initiative de MM. Wolf et Honda, on déplorait des hécatombes dues à ces maléfiques engins ? Des moissons de doigts et d'orteils ? Et s'il m'agréait davantage, à moi, de risquer l'amputation plutôt que d'endurer les redémarrages successifs ? Le résultat est que, désormais, je dois m'astreindre à aller pisser avant de commencer à tondre : ce n'est rien mais c'est agaçant d'y être contraint. Du reste, ce n'était encore là qu'innocent prélude.
Il y a une couple de semaines, la cafetière électrique nous a signifié qu'elle entendait faire valoir ses droits à une retraite méritée et nous a requis pour l'escorter jusqu'à sa nouvelle villégiature, la déchetterie de Saint-Aquilin. Pendant que j'y étais, à Saint-Aquilin, je poussai jusqu'au Super U, afin d'y choisir sa remplaçante. Quel esprit malin m'inclina à opter pour le modèle le plus onéreux des quatre ou cinq proposés ? Ne sais ; peut-être parce que, sur la photographie ornant sa boîte, elle semblait plus élégante, presque racée, que ses petites sœurs des pauvres. Je déchantai dès le lendemain matin, lorsque je constatai que cette acariâtre, pour me faire économiser l'énergie que j'étais pourtant prêt à gaspiller comme un nabab, s'était dotée d'un minuteur invisible qui la remettait en mode “veille” au bout de trente minutes. Pour moi qui ai l'habitude de préparer le matin une pleine cafetière que je fais durer jusqu'à midi, c'était se mettre un lourd boulet au pied que de devoir, désormais, penser toutes les demi-heure à venir renclencher ce fucking bouton marche/arrêt. (Le poseur de parquet, qui se trouvait là, me fit judicieusement observer que ce système nouveau, en laissant le café se refroidir, obligeait à le passer ensuite au four à micro-ondes ; si bien que l'énergie économisée de la main droite se reperdait de la gauche : les artisans ont volontiers l'esprit pratique.)
Mon agacement sonore et répété finissant par provoquer celui, plus discret, de Catherine, elle m'enjoignit après quelques jours d'acheter une autre cafetière – et tant pis pour la dépense. Je me rendis à l'entrepôt virtuel de Mme Amazon et, après avoir soigneusement vérifié sur la “fiche technique” que le modèle le moins cher (18,90 €, port gratuit) n'était pas doté du maudit minuteur, je passai ma commande. Hélas, à l'arrivée de ce petit électroménager pour miséreux, il me fallut bien constater qu'elle possédait elle aussi le compte à rebours fatal – son seul micro-avantage étant que j'y gagnais dix minutes.
Me voilà donc en possession de deux machines à café, dont l'une s'empoussière gentiment dans le garage depuis une semaine déjà ; tandis que l'autre, entre évier et frigo, a fait de moi son esclave résigné, me requérant chaque demi-heure pour venir la remettre en marche. D'ailleurs, il est temps que j'y aille.
Arrêtez donc de boire trop de café.
RépondreSupprimerA force de nous épargner ces petites tâches quotidiennes, celles qui font le parfum de la vie, son intérêts parfois, nous n'aurons plus que deux choses à faire : aller voter pour le candidat du camp du bien que l'on nous aura désigné tout les cinq ans, puis regarder sur Facebook les résultats de sa victoire écrasante sur le candidat représentant le camp du mal. Je like !
RépondreSupprimerAu secours, voilà typiquement le genre de discours qu'on essaye de fuir en venant chez Didier Goux, le beau langage, les termes pompeux ou tombés en désuétude, le jargon littéraire...
SupprimerJe like !
Apparemment, il n'y a pas que moi, pour abuser du café…
SupprimerJe plaisantais madame, je plaisantais.
SupprimerAh! dure existence que celle du retraité au 21ème siècle...
RépondreSupprimerEt par ailleurs, cher Monsieur Goux, je vous soupçonne de vous livrer à une expérience littéraire en nous prenant pour cobayes. En effet, votre ton légèrement américanisé semble indiquer deux choses qui pourraient bien être complémentaires :
a. vous vous entraînez pour l'écriture d'un polar.
b. vous êtes actuellement plongé dans une série de polars traduits de l'américain, alors que pour la galerie vous ne vous consacrez qu'aux grands auteurs français...
Des "polars", j'en ai écrit plus de deux cents : plutôt crever que de m'y recoller.
SupprimerJe comprends enfin comment, mon beau-frère qui va régulièrement à la déchetterie, en revient toujours avec plus d'objets qu'il n'a eu à en laisser !
RépondreSupprimerIl a ainsi ramené force radiateurs, barbecues et autres luminaires et peut-être qui sait, cafetières ?
Il a peut-être récupéré la mienne (que je regrette amèrement), si ça se trouve.
SupprimerTiens,pour les tondeuses,il y a quand même plus intelligent et largement suffisant : celles qui coupent d'elles-mêmes leur moteur lorsqu'on n'est plus assis sur le siège; ceci aurait sauvé la vie d'un ami médecin,tombé de sa tondeuse et tondu par icelle,à l'époque où cette précaution n'existait pas.
RépondreSupprimerLu récemment, sur le mode d'emploi d'une tondeuse, traduit par je ne sais qui de je ne sais quelle langue :" Attention, ses lames très puissantes peuvent couper un bras, une jambe, ou n'importe quel autre membre ". Précaution valable aussi pour les dames ?
Les modes d'emploi servent de plus en plus de garantie encas de procès, et, pour en revenir aux cafetières,lu pour l'une d'entre elles : " Ne pas allumer avec un doigt ou un orteil mouillés " (ce dernier cas de figure suppose une grande souplesse de la colonne vertébrale, si la cafetière n'est pas posée par terre, ce qui est rarement le cas...) et " Attention à ne pas reverser le café bouillant sur un enfant ", ce qui signifie que, sur sa belle-mère, c'est sans risques :toujours bon à savoir...
Pour répondre à la fois à Jazzman (ci-dessous) et à vous, je crois que les modes d'emplois devraient nous avertir qu'il est dangereux de se contre-pignoler tout en se servant une tasse de café chaud.
SupprimerVous etes un mauvais citoyen qui "n'en a rien a faire de la préservation de la planète pour nos enfants et les habitants des pays les moins developpés" je vais direct vous dénoncer aux autorités compétentes
SupprimerTrès drôle e votre article. Mais je compatis. Je procède comme vous entre 8 et 10h. Cependant avez-vous songé à une thermos ? Vmh
RépondreSupprimerJe devrais peut-être y songer, en effet.
SupprimerC'est évidemment votre poseur de parquet qui a raison, bien qu'il n'ait pas tout compris. Si vous avez l'intelligence de mettre seulement votre tasse au micro-onde, vous ne réchauffez que ce que vous vous apprêtez à boire.
RépondreSupprimerJe sais que vous vous en contre-pignolez, peut-être même à deux mains comme vous le précisez élégamment dans les cas graves.
Pendant qu'on y est, la dernière fois que j'ai regardé, il y avait 47 occurences de contre-pignole sur votre blog...
Bon dimanche.
Putain de bordel à cul de nom de dieu d'Adèle de merde.
Pour l'instant j'ai toujours une cafetière qui ne m'ennuie pas mais elle date, alors je vais me méfier pour les prochaines.
RépondreSupprimerC'est au travail que cette foutue technologie nous joue des tours.
Il y a un interrupteur à économie d'énergie, il allume les lampes de la pièce quand une personne rentre mais si cette dernière ne bouge pas, la lumière s'éteint. Résultat les personnes assises dans la pièce doivent bouger des bras pour allumer cette saloperie de lumière.
Vive le modernisme.
Ah oui, pas mal du tout, ça !
SupprimerAh oui, j ai connu ça à l hôpital. Dans la salle de bain, comme je ne bougeais pas vite vite, je me retrouvais dans la noir !
SupprimerIl y a aussi les sèche-mains électriques qui se coupent si on arrête une demi-seconde de tournicoter des poignets sous l'arrivée d'air.
SupprimerDidier, ta grosse vient de dire qu'elle ne bougeait pas assez vite dans une noire.
SupprimerNon, plutôt un travelo, à cause de l'absence d'e terminal.
SupprimerJe pense la même chose des "vrais amateurs" de café que des "vrais amateurs" de vin : c'est tout dire.
RépondreSupprimerNi mal ni bien, en réalité. Je me fous de leurs avis, et encore bien plus de leurs oukases. Du reste, les puristes de la gastronomie, du genre de Nicolas quand ça lui prend, me font pareillement hausser les épaules.
RépondreSupprimerPour en revenir au café, je me fous qu'il soit ceci ou cela : tout ce que je lui demande, c'est d'être chaud au moment où me prend l'envie d'en siffler un gobelet.
Petite recette facile pour une envie soudaine de café frais, à la bonne franquette et sans être tributaire d'une machine :
RépondreSupprimerOn prend une cuillère d'un excellent café instantané bio, on fait bouillir la quantité d'eau désirée, et le tout est joué...
Faites-moi penser de ne jamais aller prendre le café chez vous…
SupprimerOui, mais arrosé à la williamine vous pourriez succomber...
SupprimerNon, je plaisante.
SupprimerPour le vrai café je suis orthodhoxe, c'est la cafetière italienne telle que présentée par Fredi M. qui est de rigueur.
Tout ça c'est la faute d' une directive européenne pour économiser l'électricité. Même chose avec l'expresso que je viens d'acheter il se coupe tout seul au bout de 20 mn. Il vous reste les Emmaus pour aller y acheter une cafetière d'occas à l'ancienne qui fonctionne bien pour trois fois rien, 5 euros. Ils ont habituellement du choix. J'en ai une à refiler, mais franchement, vous êtes un peu loin..
RépondreSupprimerGardez-la précieusement : au train où vont les choses, bientôt elle représentera un cadeau fort prisé pour tel ou tel de vos amis.
Supprimer(Ça me rappelle que, la dernière fois qu'il est venu passer le week-end ici, Marchenoir est arrivé avec, en guise de présent… des ampoules à incandescence, dont il avait eu la prudence de se constituer un stock avant qu'elles ne soient interdites par le Comité central de Bruxelles.)
Avez-vous pensé à une tondeuse à démarrage électrique?allumage
SupprimerMais qui me garantit que cette tondeuse électrique ne sera pas nantie d'un coupe-circuit elle aussi ?
SupprimerPour la tondeuse électrique, il suffit de démonter la poignée et le coupe-circuit et d'y installer un interrupteur à la place, je peux même la faire démarrer de ma salle de bains car c'est un interrupteur à télécommande.
SupprimerHum ! Moi qui suis amateur de café, et également de vin, j'ai depuis longtemps renoncé à porter la bonne parole. La pratique montre que ceux qui maltraitent ainsi le café n'achètent que des mélanges basiques. Il en est de même pour les vins, les meilleurs crus sont épargnés, tout va donc pour le mieux pour les liquides.
RépondreSupprimerTrès drôle votre billet !
RépondreSupprimerMais je ne serai pas bonne cliente pour le coup, je ne bois que du Nescafé bien allongé, le plus chaud possible et ce qui seul m'importe.
Moi, quand je bois du café bien allongé, j'en fous partout sur le drap…
SupprimerFredi, votre cafetière a une prise jack. Elle lit les CD ?
RépondreSupprimerVous rendez-vous compte que votre nostalgie des cafetières à l’ancienne font le jeu du Front national ?
RépondreSupprimerC'est pourquoi j'ai balancé durant plusieurs jours, avant d'oser publier ce brûlot.
SupprimerFait le jeu, bien sûr…
SupprimerP’tain… pour un mec qui corrige les fautes…
Une cafetière thermos c’est plus cher mais ça fait le travail.
RépondreSupprimerMerdalors ! Si j'avions su…
Supprimer(Un blogueur devrait toujours lancer une grande consultation auprès de ses lecteurs, avant d'acheter une nouvelle cafetière.)
Mais je ne suis pas un puriste de la gastronomie. Je conchie les amateurs de vrai café mais je ne laisse jamais du café au chaud, ça donne un goût dégueulasse.
RépondreSupprimerPas de fourmi croonde chez moi, pourtant j'en ai plein des fourmis, je croise donc les doigts pour que ma cafetière du pauvre ne rende pas l'âme... l'hiver je peux toujours poser la verseuse sur le poêle, mais l'été ce ne sera pas possible et j'en connais qui, s'ils n'ont pas leur café du matin chaud jusqu'à midi...
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