La phrase grotesque – mais impeccablement moderne – du jour, trouvée dans un certain marais touitteresque où il m'arrive de traîner mes charentaises quand je suis d'humeur primesautière :
« Les personnes en situation de rue meurent à 49 ans. »
Doublement grotesque – et donc doublement moderne –, comme on voit. D'abord, bien sûr, grâce à l'expression “en situation de rue”. Comme si le bon vieux “à la rue” était soudain devenu salissant, ou trop abrupt, ou radioactif, quelque chose comme ça.
Ensuite, par le fait que si, dans la péremptoire affirmation citée, on ne précise pas “en moyenne”, le verdict de mort à 49 ans (pas 48, ni 50 : 49 très précisément ; on aimerait d'ailleurs savoir aussi le jour et le mois) a un petit côté surréaliste qui prête à sourire – ce qui n'était sans doute pas le but recherché par nos vertueux lanceurs d'alerte.
On imagine très bien, au douzième coup de minuit, des dizaines, des centaines de clochards se précipitant ventre à terre dans n'importe quel abri de fortune, la veille de leur 49ème anniversaire, afin de fuir à tout prix cette rue de laquelle ils étaient en situation, soudain devenue diaboliquement mortelle.
(Pour celles-zé-ceux qui ne parleraient pas encore couramment le post-moderne, rappelons qu'une personne en situation de rue est une personne qui pratique le sans-abrisme. Si, si !)
Bien dit !
RépondreSupprimerHélène
Là où aboutissent tous les commentaires anonymes (plus ceux d'Élie Arié…) : à la poubelle.
RépondreSupprimerDepuis quand vous ne signez plus, vous ?
Non, mon cher, il ne l'était point ! J'en suis certain car j'ai hésité avant de le virer, sentant bien qu'il n'était pas d'Arié. S'il avait été à en-tête "Fredi M.", je l'aurais évidemment vu.
RépondreSupprimerNon, il vient d'une ALSB (association lucrative sans but) qui porte le doux nom de "morts de la rue".
RépondreSupprimerCela dit, les nuisibles branquignols de la mairie de Paris en font des aussi bien.
Et encore 49 c'est les plus résistant. J'ai donné mon ticket restau a une fille devant le super U , la même à qui j'avais refusé une pièce trois semaines plis tôt à la gare.
RépondreSupprimerDans ce laps de temps elle a pris dix ans.
E F F R A Y A N T
Je sais pas vous, mais moi je trouve que la fée misère revient en force.
Sortant le moins possible de chez moi, et JAMAIS dans les villes, j'ai du mal à me rendre compte...
SupprimerDG
Je suis en situation de bonne humeur. Merci.
RépondreSupprimerVous m'en voyez en situation de contentement...
SupprimerDG
De mieux en mieux !
RépondreSupprimerDG
Vous n'êtes pas très Charlie.
RépondreSupprimerManquerait plus que ça ! Surtout quand je vois ce que ces imbéciles sont devenus : les "vieux" doivent faire des cabrioles dans leurs urnes…
SupprimerÇa a ptet un rapport avec le 49/3 si cher à nos "extasiés" Renaissance !
RépondreSupprimerSinon, je voulais vous remercier Didier pour m'avoir donné l'idée de lire Zoé Oldenbourg, dont j'ai lu le "Bûcher de Montségur " et en prime j'ai commandé aussi ses souvenirs " visages d'un autoportrait" tout à fait passionnant !