À Monsieur Kéké.
Pour plus tard...
Pour plus tard...
« L'arrivée de l'enfant a été dure pour la mère. Enfin, il est là. Bien portant, vigoureux. Déjà il rue, il crie, il veut vivre.
Ses yeux sont bleus avec du vert dedans.
Et je le vois puissant, calme, raisonnable et surtout poli.
Car moi la politesse surtout dans la chicane m'a toujours étonné. " Tirez les premiers, messieurs les Anglais " ? Non, pas jusque là, mais un peu mousquetaire, bûcheron et poète. Enfin, le fils est là.
Il lui reste à étudier, comparer, discuter les pensées dans les livres, les visages, les lunes, les voisins, les jardins, à découvrir le fleuve, les milliers de soupirs qui font de la musique dans les marais de nuit pour les Bozos fragiles. À chausser des patins, à nager sous les lacs, à filer vers la lune en français librement.
Il lui reste à se pencher sur celui qui demande, mais à se redresser devant celui qui donne, à ne rien accepter de facile, de gratuit.
Jamais oui, jamais non, plus souvent non que oui.
Voilà comme je le vois.
Étudiant jusqu'au soir de sa vie, il couvrira ses petits-fils de lainage, de patience et d'humour, cette arme pour le voyage qui est la plus utile.
Il quittera sa maison ouatée de neige, gagnera ou les champs, ou le bureau, ou l'usine, exigera juste salaire, la tête haute, mais ne détruira rien.
Vandales et braconniers sont des profanateurs et méritent potence. Il fera face au loup, dénoncera le fourbe. Trop de temps, trop longtemps, la terre fut aux lâches, aux oisifs, aux tricheurs.
Qu'il la prenne, lui, mon fils, c'est à son tour. Chacun son tour.
Elle est belle, elle est là, elle est sienne, et que la peur de vivre soit rayée à jamais.
Tu es chez toi, enfin, vis, goûte, savoure et chante.
Ne me remercie pas. Que tu vives comble mes jours de joie.
Bon voyage à toi et à ta descendance. »
Félix Leclerc, 1974.
Ses yeux sont bleus avec du vert dedans.
Et je le vois puissant, calme, raisonnable et surtout poli.
Car moi la politesse surtout dans la chicane m'a toujours étonné. " Tirez les premiers, messieurs les Anglais " ? Non, pas jusque là, mais un peu mousquetaire, bûcheron et poète. Enfin, le fils est là.
Il lui reste à étudier, comparer, discuter les pensées dans les livres, les visages, les lunes, les voisins, les jardins, à découvrir le fleuve, les milliers de soupirs qui font de la musique dans les marais de nuit pour les Bozos fragiles. À chausser des patins, à nager sous les lacs, à filer vers la lune en français librement.
Il lui reste à se pencher sur celui qui demande, mais à se redresser devant celui qui donne, à ne rien accepter de facile, de gratuit.
Jamais oui, jamais non, plus souvent non que oui.
Voilà comme je le vois.
Étudiant jusqu'au soir de sa vie, il couvrira ses petits-fils de lainage, de patience et d'humour, cette arme pour le voyage qui est la plus utile.
Il quittera sa maison ouatée de neige, gagnera ou les champs, ou le bureau, ou l'usine, exigera juste salaire, la tête haute, mais ne détruira rien.
Vandales et braconniers sont des profanateurs et méritent potence. Il fera face au loup, dénoncera le fourbe. Trop de temps, trop longtemps, la terre fut aux lâches, aux oisifs, aux tricheurs.
Qu'il la prenne, lui, mon fils, c'est à son tour. Chacun son tour.
Elle est belle, elle est là, elle est sienne, et que la peur de vivre soit rayée à jamais.
Tu es chez toi, enfin, vis, goûte, savoure et chante.
Ne me remercie pas. Que tu vives comble mes jours de joie.
Bon voyage à toi et à ta descendance. »
Félix Leclerc, 1974.
Félix, c'est le plus fort !
RépondreSupprimerJe n'aurai pas le temps de finir la maison,
RépondreSupprimerDe peinturer l'auvent, secouer le paillasson,
Que tu seras vivant, présent, sorti des nombres,
Déjà vêtu de blanc déjà venu au monde...
(de mémoire, du même)
Suzanne : celle que vous citez s'intitule En attendant l'enfant.
RépondreSupprimerBravo, Didier! Vous n'êtes pas QUE sarcastique! Voilà un aspect de vous que nous ignorions, et particulièrement émouvant!
RépondreSupprimerP.S: Mais où est donc Ornicar, je veux dire Ipidiblue? Victime malheureuse d'un autre automobiliste bourré? Il nous manque cruellement! Lançons un AVIS DE RECHERCHE!
Merci Didier. (bon sang, on a les mêmes disques. Vite, un petit chant révolutionnaire espagnol :)
RépondreSupprimerOrage : iPidiblue n'a pas disparu, puisqu'il continue d'alimenter son blog. Je suppose qu'il boude, mais j'avoue ne pas savoir pourquoi...
RépondreSupprimerA galopar a galopar
Hasta enterrarlos en el mar...
Quel extrait magnifique, je suis émue...
RépondreSupprimerJe découvre et donc, j'ai cru tout le long que c'était de vous, ce qui vous démontre que cela aurait pu être, et je lis avec la chair de poule parce que bien sûr, dès qu'il est histoire d'enfant, on a chacun ses petits bagages, ses petites casseroles et que finalement ce ne soit pas de vous n'y enlève rien !
RépondreSupprimerMagnifique !
:-)
Dites-donc, le contexte et puis le texte, très émouvant, c'est la "Foire à tout" dans mon p'tit coeur...
RépondreSupprimerJ'en oublie de m'abonner aux commentaires, c'est dire !
RépondreSupprimer:-]
" A galopar a galopar
RépondreSupprimerHasta enterrarlos en el mar... "
rhaaaa (cri de désespoir)
(tout ça n'empêche pas Nicolas, qu'la Commune n'est pas morte...)
je proteste cette photo est truquée, Catherine a vraisemblablement trouvé malin d'habiller balmeyer et d'effacer les cornes qui émergent d'habitude d'entre les boucles blondes de ce diable de kéké.
RépondreSupprimerUn très bel extrait mais, comme le dit monsieur Poireau, je vous voyais bien, moi aussi, écrire ce texte... Qu'ajouterais-je ???
RépondreSupprimerJeffanne
Superbe ! Merci Didier.
RépondreSupprimersuperbe, j'aime beaucoup Félix Leclerc. Merci pour cet extrait...
RépondreSupprimerJe le reconnais ! C'est Dagrouik petit ! Dagrouik de dos, avec ses boucles blondes... Dagrouik plein de promesses. Maintenant c'est son tour, il fait face au loup et dénonce les fourbes...
RépondreSupprimerSuperbe, merci Didier, j'avais oublié à quel point nul n'est prophète en son pays.
QUOI ??? J'aurais nourri et abreuvé Dagrouik ??? Misère de moi...
RépondreSupprimerMais que fuient-ils tous les 3 ?
RépondreSupprimer"vous avez entonné "el pueblo unido" ?
pas mal du tout...
RépondreSupprimerLe bonhomme Leclerc était puissant comme son chant, vous choisissez bien. Ça me rappelle ces pierres dont parlait Roger Caillois, quelque part, si belles que des artistes, qui savaient les inventer (des chinois en l'occurrence), les signaient de leur nom. (J'ai cherché et retrouvé : les «pierres de rêve» dans «L'écriture des pierres)
RépondreSupprimerCertes un peu tardif mais un grand merci !
RépondreSupprimerBon allez, je le dis...
RépondreSupprimerbon sang Balmeyer, tiens-toi droit mon garçon ; on croirait Jean de Florette...
C'est Quasimodo qu'a trouvé une cloche par terre ! :)
RépondreSupprimerAh, ah, Dorham, je n'aurais pas osé le dire... mais peut-être qu'il soufflait un grand vent ce jour-là et que Balmeyer s'arc-boutait, luttant contre les rafales ?
RépondreSupprimer