Lisez-vous régulièrement l'hebdomadaire Stratégies ? Moi non plus ; jamais, en fait ; sauf aujourd'hui, par désœuvrement maximal : c'est fort attrayant, l'impression de plonger dans un monde à la fois très lointain et vaguement familier par certains de ses côtés. Pour ressentir cette étrangeté, point n'est besoin – heureusement – de lire les articles proposés : les titres y suffisent amplement. Ainsi, dès la “une”, cet appel principal : LES ENJEUX DU SECOND ÉCRAN. Avec un petit chapeau censé, j'imagine, rendre le propos plus clair : Les diffuseurs mettent la “social TV” au cœur de leur stratégie, anticipant le développement de la télé connectée avec des contenus pour le second écran. Ah, d'accord… Autre titre d'appel, apparemment jugé moins alléchant car plus petit et en bas de page : LA PRESSE S'ADONNE AU CROWFUNDING. Là, j'ai l'impression troublante qu'on me raconte des cochonneries qui m'auraient échappé.
À l'intérieur c'est bien aussi. Dès la page “ opinions”, ceci : VERS UN BRAND CONTENT “AUGMENTÉ”. Ah, ces guillemets à “augmenté” ! Comme je sens bien qu'ils dissimulent des trésors de nuances, des niagaras de subtilités…
En double page 6-7, le titre de une se modifie sensiblement ainsi : La télé passe au second écran. Il est sous-titré ainsi : « Une étape de plus dans la convergence », ce qui fait bien plaisir ; on est toujours content de franchir une étape de plus dans la convergence, il me semble. De même, un peu plus loin, est-on satisfait, et même vaguement soulagé, d'apprendre que Deezer (d)étend son réseau, cependant que Monoprix se démultiplie et que Thierry Mugler met ses clientes au jus.
Du reste, c'est incroyable ce que l'on peut s'agiter entre les pages de cet hebdomadaire-là : tandis qu'ING Direct change d'air publicitaire, voilà-t-il pas que Auchan rafraîchit le « drive » ? Et, dans le même temps, Le financement participatif pense papier. Enfin, car je ne veux point lasser la patience de la pratique, sachez que pendant que La « feel good TV » investit la maison, à la page précédente VT Scan mise sur le « change management ».
On aime décidément beaucoup les guillemets, à Stratégies.
Le jargon tendanciel des pubards....
RépondreSupprimerLimite tendancieux…
SupprimerLA PRESSE S'ADONNE AU CROWFUNDING
RépondreSupprimerVERS UN BRAND CONTENT “AUGMENTÉ”
Merci pour les mOts de tête!
De rien, j'ai les mêmes !
SupprimerSi je peux rendre service, j'ai fait partie d'une boite spécialisé dans le change management. En français, ça veut dire la gestion du changement (mais management fait mieux que gestion). Dans le temps, on appelait ça la formation des salariés.
RépondreSupprimerDans notre monde moderne, il faut étudier tous les impacts d'une changement (de logiciel informatique pour ce qui concerne mon job) sur la vie des salariés, l'organisation du temps du travail.
Dans le temps, on disait : "tenez bande de crevures, voila le nouveau logiciel, la formation aura lieu tel jour et si vous n'êtes pas contents, vous êtes virés.". Maintenant on leur dit : "chers amis, notre fournisseur nous impose un changement de logiciel informatique, nous allons étudier avec vous la migration et vos nouvelles conditions de travail pour que vous puissiez l'appréhendez dans les bonnes conditions et nous allons mettre en place une cellule pour limiter votre stress".
Je résume... Tout le monde s'en fout.
Eh bien voilà, au moins quand c'est un réac de gauche qui explique, les réacs de droite comprennent tout !
SupprimerMerci Nicolas! Quelle chance d'avoir un traducteur!
SupprimerVous êtes un pervers.
RépondreSupprimerVous pataugez allègrement dans la Schadenfreude.
Votre attitude est révoltante.
… Reposez ce magazine immédiatement !
J'avoue avoir été surpris moi-même de la pulsion qui m'a fait ouvrir ce canard qui tranaît là…
SupprimerBonjour Monsieur Goux :
RépondreSupprimerComment ai-je pu vivre jusqu'à maintenant en ignorant le crowdfunding ? Heureusement que wikipedia est venu combler mon ignorance (ce n'est qu'une collecte de fonds qui se la "pête" un peu). A part ça j'avais d'abord cru lire "crowdfucking" et, moi aussi, j'ai eu "l'impression troublante" de lire "des cochonneries qui m'auraient échappé"...
C'est peut-être quand même une cochonnerie, allez savoir…
Supprimer""collecte de fonds qui se la "pête"" ouais c'est mieux que fist spirituel
SupprimerA peine plus de franglais que dans Madame Figaro. (lecture chez le dentiste)
RépondreSupprimerDans le genre, je vous conseille le jargon “pétasso-branché du magazine Elle : un vrai régal !
SupprimerDois-je comprendre que madame votre épouse ne shoppe pas ni stiletttos ni wedges pour son shoesing ?
SupprimerVous allez voir que Nicolas va tout vous expliquer !
RépondreSupprimerEt s'il est comme nous, c'est-à-dire qu'il ne comprend rien, on ne voit plus très bien à quoi il peut bien servir sur ce blog.
Vous avez bon sur la première partie : il a tout expliqué. Mais faux sur la seconde : il a l'air de savoir réellement de quoi ça cause.
SupprimerEn existe-t-il une version française ?
RépondreSupprimerPas à ma connaissance, mais je ne suis pas spécialiste.
Supprimerc'est un truc de gens qui veulent communiquer avec les autres stratégies (tout en en tirant un profit ok) c'est pas pour vous!:)
RépondreSupprimerAh, si c'est un truc sexuel entre stratégies, je ne discute plus ! Mais les stratégies ont-elles droit au mariage pour tous ?
SupprimerBen quoi ? Ca me paraît clair.
RépondreSupprimerC'est parce que vous êtes tombé dedans étant enfant…
SupprimerJe ne sais plus qui disait il y a dix ans, en parlant de la France: "Un pays d'anglo-saxons névrosés, envahi par des musulmans bélliqueux".
RépondreSupprimerOn pourrait depuis, rajouter une ou deux choses à cette définition.
On pourrait, oui.
SupprimerCe langage de pseudo initié est juste là pour masquer une profonde ignorance. Les journalistes se contentent de repiquer quelques passages de la brochure de réclame que leur a envoyée l'entreprise en question (banque, grande surface ou autre, c'est tout un, vu qu'on utilise une stratégie passe partout). Laquelle brochure a été primitivement pondue en anglais avec un essai de traduction derrière. Le traducteur, spécialiste de la langue, mais ignorant en économie, a avec beaucoup d'honnêteté renoncé à traduire les termes qu'il ne comprenait pas, pensant qu'un économiste français peu féru en langues étrangères saurait traduire en bon français ces termes abscons. Cette étape de la traduction n'a pas été réalisée et ne le sera jamais. Il faut faire croire aux citoyens lambdas que les économistes maîtrisent une science d'une complexité telle qu'il est impossible d'en entreprendre une vulgarisation.
RépondreSupprimerJe pense, malheureusement, que vous devez avoir raison.
SupprimerMais non. C'est tout simplement du jargon de professionnel. En menuiserie on parlait de queue d'aronde, dans les starteuppes Internet on parle de crowdfunding (tiens, il manque un d). Il n'y a pas besoin de traduction. Les gens qui utilisent ce langage, ceux qui écrivent ce journal et ceux qui le lisent comprennent parfaitement.
SupprimerCrowdfunding (par exemple) veut dire : financement initial d'entreprises en création du secteur Internet par appel de fonds en direction du grand public sur le Web, visant à collecter un grand nombre d'investissements d'un petit montant unitaire.
Crowdfunding est plus court, vous en conviendrez.
En somme, c'est ce qu'on appelle des langues vernaculaires.
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RépondreSupprimerJoyeuse bonne idée que vous avez là de relever ces flots d'âneries si "tendances". Et s'il fallait dénoncer les mêmes travers pour l'ensemble de la presse professionnelle que je suis contraint de lire au quotidien, 1000 pages n'y suffiraient pas. Il faudrait que vous feuilletiez ne serait-ce qu'une fois LSA (Libre Service Actualités) ou le JT (Journal du textile), vous compareriez Stratégies à du Proust...
J'avais donné un petit coup de gueule en son temps en recopiant un chapeau d'article d'une revue destinée aux jeunes dont voici le lien : http://nuageneuf.over-blog.com/article-jacques-charpentreau-panne-d-imagination-86777002-comments.html#anchorComment
Cela n'avait pas grand intérêt mais m'avait fait "du bien" !
Extrait :
"Eh oui, les filles, on l’a vu sur les catwalks, c’est écrit partout et il y a même des magazines qui castent des tailles 44 pour faire leur cover. (... ) Mes sœurs de beurre, ne tombez pas dans cet énorme panneau qui veut nous faire croire que le must feel, cet été, c’est le Feel fat. Totally faux."
Voilà donc ce qu’on pouvait lire samedi dans un magazine (français) pour djeuns branchés. Relevé plus loin : "Vous pourrez frimer en tiag" et "la country botte devient city boot"
Allez ! Merci encore pour votre billet.
"Qu'en termes galants ces choses-là sont mises !"
in Le Misanthrope ou l'Atrabilaire amoureux (Philinte, acte I, scène II)
Ah, la presse “jeunes” c'est tout un poème, vous avez raison ! Et la presse féminine, donc !
SupprimerIl y a des gens qui parlent encore plus mal la France que moi mais à part ça, cet hebdomadaire vous a til appris quelque chose?
RépondreSupprimerPas lu : je me suis arrêté aux titres et sous-titres.
SupprimerJ'ai rien compris mais c'est pas grave.
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