Ô triste, triste était mon âme
A cause, à cause d'une femme.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé,
Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.
Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon coeur s'en soit allé.
Et mon coeur, mon coeur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,
Est-il possible, - le fût-il,
Ce fier exil, ce triste exil ?
Mon âme dit à mon coeur : Sais-je,
Moi-même, que nous veut ce piège
D'être présents bien qu'exilés
Encore que loin en allés ?
(Paul Verlaine, Chansons sans paroles.)
Ce poème (pris totalement au hasard, on l'aura compris...) me ramène à Paul Léautaud, par des détours un peu sans intérêt, à son amour avoué (dans les entretiens radiophoniques de 1950 avec Robert Mallet, que je recommande à quiconque) pour un autre magnifique poème de Verlaine, que voici :
L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable.
Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
Que ne t'endormais-tu, le coude sur la table ?
Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
Et tu chantonneras comme un enfant bercé.
Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, madame.
Il dort. C'est étonnant comme les pas de femme
Résonnent au cerveau des pauvres malheureux.
Midi sonne. J'ai fait arroser dans la chambre.
Va, dors ! L'espoir luit comme un caillou dans un creux.
Ah ! quand refleuriront les roses de septembre !
Le même Léautaud plaçait très haut Les Chercheuses de poux de Rimbaud. Et puis, il y a cette anecdote, que j'ai déjà relatée sur mon défunt blog, mais que je vous remets tout de même.
Un jour des années 1890, le très jeune Paul Léautaud (qui gagne à peine de quoi payer sa chambre et ses nouilles quotidiennes), descendant le boulevard Saint-Michel, reconnaît, sur l'autre trottoir, Paul Verlaine, attablé comme il se doit à une terrasse de café. Il avise une marchande de fleurs ambulante, lui achète un petit bouquet de violettes et lui demande de le porter à ce vieux monsieur (pas si vieux que cela, du reste, mais ayant beaucoup servi...), là, en face, sans lui dire de qui cela vient. Puis, ayant contemplé l'air interloqué de Verlaine face à ce présent inattendu, Paul Léautaud s'éloigne...
Ce sera tout pour ce soir.
A cause, à cause d'une femme.
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé,
Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.
Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon coeur s'en soit allé.
Et mon coeur, mon coeur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,
Est-il possible, - le fût-il,
Ce fier exil, ce triste exil ?
Mon âme dit à mon coeur : Sais-je,
Moi-même, que nous veut ce piège
D'être présents bien qu'exilés
Encore que loin en allés ?
(Paul Verlaine, Chansons sans paroles.)
Ce poème (pris totalement au hasard, on l'aura compris...) me ramène à Paul Léautaud, par des détours un peu sans intérêt, à son amour avoué (dans les entretiens radiophoniques de 1950 avec Robert Mallet, que je recommande à quiconque) pour un autre magnifique poème de Verlaine, que voici :
L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable.
Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
Que ne t'endormais-tu, le coude sur la table ?
Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
Et tu chantonneras comme un enfant bercé.
Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, madame.
Il dort. C'est étonnant comme les pas de femme
Résonnent au cerveau des pauvres malheureux.
Midi sonne. J'ai fait arroser dans la chambre.
Va, dors ! L'espoir luit comme un caillou dans un creux.
Ah ! quand refleuriront les roses de septembre !
Le même Léautaud plaçait très haut Les Chercheuses de poux de Rimbaud. Et puis, il y a cette anecdote, que j'ai déjà relatée sur mon défunt blog, mais que je vous remets tout de même.
Un jour des années 1890, le très jeune Paul Léautaud (qui gagne à peine de quoi payer sa chambre et ses nouilles quotidiennes), descendant le boulevard Saint-Michel, reconnaît, sur l'autre trottoir, Paul Verlaine, attablé comme il se doit à une terrasse de café. Il avise une marchande de fleurs ambulante, lui achète un petit bouquet de violettes et lui demande de le porter à ce vieux monsieur (pas si vieux que cela, du reste, mais ayant beaucoup servi...), là, en face, sans lui dire de qui cela vient. Puis, ayant contemplé l'air interloqué de Verlaine face à ce présent inattendu, Paul Léautaud s'éloigne...
Ce sera tout pour ce soir.
Excepté "Passe temps", je connais mal Léautaud
RépondreSupprimerJ'aime ce côté ermite entouré de chats (comme Céline que je connais bien mieux)
Un type qui préfère les animaux aux hommes ne peut être foncièrement mauvais !
J'ajouterai "et qui préface les chroniques de Vialatte"...
RépondreSupprimerMais je ne connais guère l'auteur (autant que Mac orlan(d) hin hin) sinon que de réputation...
Actuellement je découvre Bloy, c'est bien assez pour Néa and co j'imagine... ;)
(c'est là qu'elle a fait son doctorat sur Bloy... mouarf)
Le journal de Bloy (collection Bouquins) est un truc assassin
RépondreSupprimerAprès, il s'étonnait d'être détesté !
Céline le cite (dans Nord, je crois)
J'ai découvert Bloy récemment : Dire qu'il est assassin tant avec ses ennemis que ses amis, c'est vraiment gentil ! Mais quelle verve bon sang ! Sa "note" sur l'incendie du Bazar de la Charité le foutrait illico en examen s'il vivait de nos jours. Ceci étant entre les lignes on ne peut manquer de déceler un de ces abîmes de détresse et de solitude humaine - C'est vertigineux. Il faut dire que sa vie de chien, il la doit tout autant à l'infortune qu'à son caractère.
RépondreSupprimerMartin-Lothar,
RépondreSupprimerC'est assez joliment dit... La lettre sur l'incendie est effectivement horrible et paradoxalement très belle.
Je me demande souvent ce que je viens faire sur le blog d'un troll (autoproclamé, paraît-il) mais ce soir je suis bien obligée de l'inscrire sur mes tablettes car il cite le poème que je ne cite jamais, et que j'écoute avec la voix de Léo.
RépondreSupprimerMais c'est juste pour dire bonsoir en passant.
Puisque chacun y va de sa référence, je me permets d'ajouter que Catherine Ringer chante également le poème de Verlaine mis en musique par Léo Ferré, sur l'enregistrement du concert, il y a quelques années, des Rita Mitsouko avec l'orchestre Lamoureux.
RépondreSupprimer(si jamais certains esprits chagrins jugent que ma petite référence n'est pas du même niveau que celles des commentaires qui précèdent et plombe comme qui dirait l'ambiance, je me résoudrai à faire l'aveu que j'ai, moi aussi, acheté, peu après sa sortie, le coffret de dix disques édité chez Frémeaux et associés et reprenant l'ensemble des entretiens radiophoniques qu'a accordés Paul Léautaud en 1951, lesquels sont effectivement un régal ; la qualité de ces entretiens tient d'ailleurs non seulement à la personnalité et à la culture de Léautaud mais encore à l'intelligence, à l'absence totale de complaisance et à l'attachement que, malgré tout, Robert Mallet avait visiblement pour le vieil écrivain, dont il connaissait manifestement bien l'œuvre)
C'était juste pour dire, moi aussi, bonsoir en passant.
Nicolas : Le Petit Ami et In memoriam valent d'être lus. Et puis, bien sûr, la masse considérable de son Journal littéraire...
RépondreSupprimerPour les autres commentateurs, j'avoue que, jusqu'à présent, j'ai toujours eu du mal, avec Bloy...
Pour Verlaine, je connais évidemment les mises en musique de Léo, mais pas du tout la version des Rita Mitsouko.
"Les moralistes sont toujours bouffons, et souvent comiques quand on regarde ce qu'ils sont eux-mêmes." Paul Léautaud
RépondreSupprimerA remettre en actualité, non ?