Naturellement, à l'extrême limite de l'exaspération et de la fatigue, il y aurait aussi cette solution-là. Pour moi, séduisante. Un grand vide écrasé de vie microscopique, à l'ombre des cailloux. Un élargissement silencieux. Une immobilité inquiétante, miraculeuse, avec derrière chaque rocher ou presque un enfant et ses chèvres, ou un homme statufié – et aucune femme visible. La découverte de ce monde, il y a longtemps, m'a transformé en rose des sables, en concrétion patiente – ce que je me suis empressé d'oublier, de dissoudre, une fois rendu au monde. Chaque arrêt imprévu faisait surgir de cette absence minérale, de ce gigantesque poumon étale, des hommes à peu près invisibles dans leurs replis bleutés ou noirs, très grands et invraisemblablement beaux, nous contemplant sans rien dire, paraissant s'étonner avec un peu d'inquiétude de notre agitation native.
Mais le désert n'est pas une solution. Ni même un problème. En-deçà et au-delà, il reste posé, contrairement à nous et à notre frénésie de mouvements en tous sens. Le désert ne connaît ni le bien ni le mal ; s'il les connaît, il se tait. Et les hommes qui l'effleurent (le labourent serait peut-être plus juste) ne lèvent même plus la tête au passage de nos avions. Ils ne voient vos hôtels ni vos piscines, ne vous serviront pas le cocktail que votre forfait exige.
Prétendre qu'il n'existe pas différentes races au sein de l'espèce humaine serait probablement leur faire une grave injure – et l'on s'émerveillerait alors qu'ils ne fassent preuve d'aucune violence envers vous, qu'ils respectent à ce point votre pack-voyage.
Mais le désert n'est pas une solution. Ni même un problème. En-deçà et au-delà, il reste posé, contrairement à nous et à notre frénésie de mouvements en tous sens. Le désert ne connaît ni le bien ni le mal ; s'il les connaît, il se tait. Et les hommes qui l'effleurent (le labourent serait peut-être plus juste) ne lèvent même plus la tête au passage de nos avions. Ils ne voient vos hôtels ni vos piscines, ne vous serviront pas le cocktail que votre forfait exige.
Prétendre qu'il n'existe pas différentes races au sein de l'espèce humaine serait probablement leur faire une grave injure – et l'on s'émerveillerait alors qu'ils ne fassent preuve d'aucune violence envers vous, qu'ils respectent à ce point votre pack-voyage.
vous êtes bien joli en rose des sables.
RépondreSupprimerEt un bisou du Père Castor.
C'est la tondeuse du voisin qui t'a énervé comme ça ?
RépondreSupprimervotre ataraxie ou l'envie de désert ?
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RépondreSupprimer« Le désert n'ayant pas donné de concurrent au sable, grande est la paix du désert. » Michaux
RépondreSupprimer« Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent. » Chateaubriand
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » Pascal
RépondreSupprimer« Le sable rouge est comme une mer sans limite,
RépondreSupprimerEt qui flambe, muette, affaissée en son lit.
Une ondulation immobile remplit
L'horizon aux vapeurs de cuivre où l'homme habite. »
Leconte de Lisle, Les Éléphants
« Ils ont le pétrole,
Mais ils n’ont pas d’eau,
Pas d'neige en montagne,
Pas d’huîtr's en Bretagne,
Que des sables chauds »
Michel Sardou, Œuvres complètes
(Ah, merde, j'ai comme l'impression qu'il y en a un de trop, là...)
Afin de me faire pardonner la faute de goût de mon précédent commentaire, je redonne voix au poète seul, débarrassé de la présence de l'intrus dont la pitoyable tirade est venue tout à l'heure, presque malgré moi, parasiter ses vers. Avec, une fois encore, toutes mes excuses pour ce regrettable incident, place, donc, à la beauté pure :
RépondreSupprimer« Le ciel est si bas sur les dunes
Que l'on croirait toucher la lune
Rien qu'en levant les bras.
Comme un incendie sous la terre,
Les aurores ont brûlé les pierres,
Blanchi les toits de Ghardaïa »
Michel Sardou, Œuvres complètes
(On a beau dire, c'est quand même rudement beau, la poésie sarkozyste)
« Bleu le désert, comme mon cœur,
RépondreSupprimerRouge mon cœur, comme le désert,
Et je suis bien content, mon cœur,
De n'être rien qu'un bleu désert,
Vaste, blanc, solide et solitert. »
Jean Lebleu de Rougemont, Poème dès potron-minet in Vos gueules, poètes surannés ! vol. 3, tome 8, p. 612, ligne 243, alinéa 8)
« c'est quand même rudement beau, la poésie sarkozyste »
RépondreSupprimerIls sont si roux les feux,
Les feux, ah ! les feux !
Les feux de mes si fous cheveux,
Mes cheveux, ah ! mes cheveux !
Brice Hortefeux, Je suis lai ! (Stance 4871, Apostrophe 906)
Bien des gens, paraît-il, ne pay'nt pas leurs impôts
RépondreSupprimerEt trait'nt ceux qui les pay'nt de poir's et de ballots.
Moi, je n'approuv' pas ça, j' dis qu' ce n'est pas permis
Et constamment j' demande aux parents, aux amis :
As-tu déclaré ton salaire ?
As-tu déclaré tes r'venus ?
Tes coupons des min's de Gruyère
Et les pots-d'vin que tu as r'çus
Tout c' que t'as gagné à la Bourse
Tout c' que t'as ramassé aux courses
Ton cinq pour cent, tes caoutchoucs
Et tes fond'ries d' caramel mou
Et tes valeurs pétrolifères
Et ta fabriqu' de nouill's au jus ?
As-tu déclaré ton salaire ?
As-tu déclaré tes r'venus ?
Éric Wœrth, Mes plagiats, France Empire, 2008 (chapitre 3 - Ce que je dois à Georges Milton (1888-1970))
Mère Castor : oui, c'est un aspect méconnu de ma personne...
RépondreSupprimerCatherine : mais non, je n'étais pas énervé du tout !
PRR : je garde de précieux souvenirs du Sahara, où j'ai passé presque deux semaines itinérantes, en 1970, avec mes parents et d'autres gens.
Tous les suivants : merci au club des poètes de s'être réuni ce soir !
"Ce qui embellit le désert, dit le petit prince, c'est qu'il cache un puits quelque part".
RépondreSupprimerSt Exupéry
"Dieu a créé des pays pleins d'eau pour que les hommes y vivent, et des déserts pour qu'ils y découvrent leur âme".
Proverbe touareg (à ce qu'on m'a dit !)
C'est un très joli billet, Didier. J'hésitais hier à laisser un premier commentaire, je ne voulais pas être la personne qui tousse après la dernière note d'un concert.
RépondreSupprimerTiens, je suis en phase avec Chieuvrou, moi aussi j'ai relu les Eléphants, mais c'était pour causer des socialistes.
Ils rêvent en marchant du parti délaissé,
Des forêts d'électeurs où s'abrita leur race.
J'avais vu sur Arte un documentaire sur la nouvelle musique des touaregs (le "Blues touareg"). Il est frappant de voir comment l'esprit du blues, la plainte universelle qu'il contient, s'est si bien acculturée.
RépondreSupprimer...Musique.. musique.. musique.. DG
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