Dans Juliette ou les prospérités du vice, l'ogre Minski, pour son repas, se fait servir « huit ou dix boudins faits avec du sang de pucelle et deux pâtés aux couilles ». Afin de n'en être point trop encombré, il s'accorde quelques glaces à l'odeur vomitive. Lorsqu'il prie la belle Juliette d'y bien vouloir goûter, celle-ci a une réponse fort diplomatique (ce qui est sagesse, vu la férocité du personnage) : « Il faut beaucoup d'habitude pour ces mets-là. »
En effet. Pour sa part, lorsqu'il n'avait pas la plume en main, le marquis de Sade avait des goûts plus conventionnels, si l'on ose dire. Embastillé, il fait parvenir à son épouse la liste de ses exigences culinaires : un pain de pâte de guimauve, un pâté d'anguilles, les premières fraises, un pâté de thon et un gâteau au chocolat (« qu'il soit noir en dedans à force de chocolat, comme le cul du diable l'est à force de fumée »). L'ordinaire des prisons n'est plus ce qu'il a été, dirait-on.
Autre grand queutard devant l'éternel, Casanova ne crache pas non plus sur les plaisirs de bouche, toujours si l'on peut dire : « J'ai aimé les mets au haut goût, écrit-il au narthex de son Histoire de ma vie : le pâté de macaroni fait par un bon cuisinier napolitain, l'ogliapotrida, la morue de Terre-Neuve bien gluante, le gibier au fumet qui confine, et les fromages dont la perfection se manifeste quand les petits êtres qui les habitent commencent à se rendre visibles. Pour ce qui regarde les femmes, j'ai toujours trouvé que celle que j'aimais sentait bon, et plus sa transpiration était forte plus elle me semblait suave. »
Comme écrivait l'autre au panache blanc : « Ma mie, cessez de vous laver : j'arrive ! »
En effet. Pour sa part, lorsqu'il n'avait pas la plume en main, le marquis de Sade avait des goûts plus conventionnels, si l'on ose dire. Embastillé, il fait parvenir à son épouse la liste de ses exigences culinaires : un pain de pâte de guimauve, un pâté d'anguilles, les premières fraises, un pâté de thon et un gâteau au chocolat (« qu'il soit noir en dedans à force de chocolat, comme le cul du diable l'est à force de fumée »). L'ordinaire des prisons n'est plus ce qu'il a été, dirait-on.
Autre grand queutard devant l'éternel, Casanova ne crache pas non plus sur les plaisirs de bouche, toujours si l'on peut dire : « J'ai aimé les mets au haut goût, écrit-il au narthex de son Histoire de ma vie : le pâté de macaroni fait par un bon cuisinier napolitain, l'ogliapotrida, la morue de Terre-Neuve bien gluante, le gibier au fumet qui confine, et les fromages dont la perfection se manifeste quand les petits êtres qui les habitent commencent à se rendre visibles. Pour ce qui regarde les femmes, j'ai toujours trouvé que celle que j'aimais sentait bon, et plus sa transpiration était forte plus elle me semblait suave. »
Comme écrivait l'autre au panache blanc : « Ma mie, cessez de vous laver : j'arrive ! »
Ce billet est savoureux. Mais que le terme "queutard" est laid, vous ne trouvez pas ?
RépondreSupprimerCessez de vous laveR j'arrive.
RépondreSupprimerVous faite TOUJOURS la même faute, spavré ça.
Sinon, la glace à l'odeur vomitive, ça veut dire que c'est de la glace au vomi?
Zoridae : c'est vrai qu'il y a plus poétique. Mais est-on dans la poésie, là ?
RépondreSupprimerMélina : oups ! corrigé...
Pour la glace, je n'ai pas d'autres précisions. Mais je pense que ce doit être ça, oui...
RépondreSupprimerBeurk. Je retourne me coucher, tiens...
RépondreSupprimerJe vois pas bien ce que la sorcière fait dans le cul du mec. Z'avez pas la même avec plus de pixel ?
RépondreSupprimerDidier Goux : poète et fine gueule ? C'est sûr.
RépondreSupprimerPourquoi c'est pas beau "queutard" ? Je veux dire, Casanova, quand même, je l'imagine évacuer cette image en prospectant, et parler plutôt de "douce folie de l'amour", mais au final, il c'est quand même un sacré queutard devant l'éternel...
RépondreSupprimerBelle illustration !
RépondreSupprimerEst-il vrai qu'il en est des plaisirs de bouche comme des plaisirs de la chair ? Si l'on aime les épices, on aime se réchauffer les sangs ?
:-)))
[Queutiste, c'est plus élitiste, Zoridae !]
Tiens, oui : on devrait essayer de lancer "queutiste", pour voir...
RépondreSupprimerMarc : pour d'autres illustrations du même genre, tapez "Sade" dans Goux gueule... ou achetez ses oeuvres en Pléiade où il y en a des dizaines !
Le titre d'un ^prochain billet, à la Fred Vargas : PARS VIT ET REVIENS QUEUTARD...
RépondreSupprimerTitres :
RépondreSupprimerVieux queutards que j'aimais
(ou bien : longtemps, je ne me suis couché que tard ??).
:-)
mieux vaut queutard que jamais...
RépondreSupprimerLes grands esprits se rencontrent, on dirait...
RépondreSupprimerMarc, la sorcière lui masse la prostate...
RépondreSupprimerPluton pixelplus
Merci Didier Goux pour les références culturelles et merci Pluton pour l'explication, je pensais bien que la vieille en noir faisait quelque chose d'important, autant profiter que les gens soient in brin déshabillés pour leur appliquer des traitements urologiques.
RépondreSupprimerBon, on ne se refait pas, mais j'ai bien aimé cet article (sur un sujet à la mode en plus) : Sade et l’esprit du néolibéralisme"
Le terme "queutard" n'est pas plus laid que le vieux verbe "manueliser"... hu hu hu hu hu !
RépondreSupprimerAh bon, j'aime bien manueliser... Il est drôle !
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